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Trésors d’Archives n°4 – Les frères Henri, 243e RI, Verdun

Les frères Henri sont deux soldats du 243e RI. En février 1916, Louis est grièvement blessé. Pour l’administration militaire, d’abord noté comme « blessé » dans l’état des pertes, il est ensuite considéré comme disparu. Un document nous apprend ce qu’il est devenu.

  • Les faits

Louis Émile Henri (classe 1902) fut affecté comme service auxiliaire en raison d’une mutilation de deux doigts à la main gauche. En novembre 1914, même si ce n’est pas indiqué dans sa fiche matricule, il fut probablement considéré comme apte au service armé. Il rejoignit le 115e RI le 30 avril 1915 puis le 243e RI le 12 juin 1915. Son frère cadet Alphonse Léon (classe 1905) suivit un parcours assez proche, même si une fois encore la fiche matricule est avare en détails utiles. Sans en connaître la raison, il fut affecté au 115e RI le même jour que son frère mais rejoignit un peu plus tôt le 243e RI, le 15 mai 1915.

En février 1916, ils sont tous les deux à la 20e compagnie comme nous l’apprend l’état des pertes du JMO du 243e RI. Dès le 21, la 20e compagnie, mise à disposition du 164e RI, est en première ligne dans la fournaise de la bataille de Verdun naissante et doit repousser un assaut allemand. Les combats sont violents, les bombardements sont ininterrompus les 21 et 22 février 1916 dans le bois d’Herbebois. C’est dans ce contexte que l’aîné est blessé et évacué.

  • Le document

Plusieurs erreurs entachent le document. Elles ont été corrigées et signalées en rouge, mais les autres fautes d’ordre orthographique ont été « respectées ». Il s’agit sans l’ombre d’un doute d’erreurs de copie.

« L.B.  dossier N° 21485 P.V. 674

Recherche des militaires français disparus
Nom, prénoms, grade… HENRI Louis Emile Soldat

Régiment et compagnie du disparu 243e Rt d’Infanterie

Nom, prénoms, grade… HENRI Alphonse Léon

Régiment et compagnie du témoin 243e Rt d’Infanterie

Date et lieu de la disparition le 22 Février 1916 Herbebois

HENRI Louis Emile 243e d’Infanterie 20° Comp. Recrutement du Mans à était blessé au bois des Herbebois vers 11 heures du matin au bras gauche cassé ; Bas ventre perforé. Transporté au poste de secours ensuite évacué à la ferme des Chambrettes, mort pendant ce dernier transport au bois des Boulot là, il a était enterré par son frère étant rester avec lui depuis qu’il avait était blessé.

(Mort à 6 Heures du soir)
(Enterré au bois du Boulot)
vers le milieu

Kommandantur : Fait à Senelager
le 15 Juillet
Signature du témoin : HENRI Alphonse Léon
243e d’Infie – 20 Compie (son Frère)

Copie certifiée conforme 17 NOV 1917
(…)
« 

  • La suite

Le poste de secours où fut d’abord emmené Louis n’est pas localisé. Le JMO du service de santé du 6e bataillon du 243e RI indique qu’il y en avait un dans le bois des Chaumes et un autre, pour le 5e bataillon, plus éloigné. C’est peut-être vers ce bois que se rendit le triste cortège. Ce que le JMO nous apprend également, c’est qu’un poste de secours pour blessés graves était installé à la ferme des Chambrettes. C’est en le rejoignant que Louis décéda. Voici une carte qui indique les principaux lieux, sans certitude quant au cheminement exact et à l’étape dans le Bois des Chaumes.

Le site du « Bois des boulots » n’a pas été trouvé sur les cartes. S’agissait-il d’un simple surnom ou encore d’un erreur de transcription ?

Quel que soit le soin avec lequel Alphonse inhuma son frère, il y a peu de chance que la tombe ait été conservée après les violents combats et les bombardements qui touchèrent le secteur, en particulier fin 1916.

On peut imaginer l’état de prostration dans lequel Alphonse fut probablement dans les jours qui suivirent : après une période de combats très durs, de bombardement incessants, il venait de voir son frère mourir sans qu’il ait pu faire quoi que ce soit, de l’inhumer et lui même d’être capturé. En effet, le bois d’Herbevois fut évacué le 23 février, mais Alphonse fut déclaré « disparu » à son tour.

C’est pendant qu’il était prisonnier qu’il fit ce rapport sur la mort de son frère. Il fut libéré puis arriva au Havre le 31 décembre 1918. Son frère n’a pas de sépulture connue. Il reste une très faible chance qu’il ait été transféré après-guerre vers une tombe familiale.

  • Sources :

Archives départementales de la Sarthe : https://archives.lamayenne.fr/

– 1 U 1863 : Dossier de disparition d’Henri

– 1 R : Fiche matricule d’Henri Alphonse Léon, classe 1908, matricule 1714 au bureau de recrutement du Mans.

– 1 R 1137 : Fiche matricule d’Henri Louis Émile, classe 1902, matricule 1544 au bureau de recrutement du Mans.

SHD 26 N 726/7, JMO du 243e RI, janvier-mai 1916.

SHD 26 N 726/7bis, JMO du service de santé du 6e bataillon du 243e RI.

Mise en ligne de la page : 5 octobre 2017.


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