Nouvelles du site (5)

• Un an plus tard

Il y a un an, je recevais le message m’annonçant la fin des services pages-perso d’Orange. La fin de ce service signifiait soit la perte définitive du travail publié soit la nécessité de transférer le tout sous trois mois vers un nouvel hébergeur.

J’avais choisi de profiter de cette obligation pour passer tous les articles sous WordPress, nécessitant la re-publication de 600 pages, une à une, en respectant les dates initiales de publication afin d’en garder l’histoire.

La majorité du travail était achevée en septembre 2023 après deux mois de travail particulièrement répétitif et peu gratifiant, succédant à un mois de prise en main de WordPress et d’apprentissage des outils d’hébergement.

Hélas, sans surprise, la nouvelle perte de référencement a eu les effets négatifs prévus. Le site stagne. Un immense merci aux fidèles lecteurs qui continuent d’échanger, de relayer, qui m’encouragent à poursuivre

Donc le plus souvent, une dizaine de lecteurs consultent le site au quotidien. On est si loin des statistiques d’il y a 10 ans… Si loin… Le premier déférencement suite au passage au https avait été terrible, celui-ci l’a été encore plus et pousse à s’interroger : qu’est-il advenu du lectorat ?

• Beaucoup de travail et peu de lecteurs

Le constat est sans appel. Le site n’a pas repris les couleurs espérées. Sans avoir d’attentes mirobolantes, l’espoir était là : en fournissant un nouvel article chaque dimanche, attirer un petit lectorat nouveau. Il y a bien eu quelques « pics », comme ces articles qui ont attiré beaucoup plus de lecteurs. Ce sont des publications qui ont eu un relai important sur les réseaux sociaux : l’article du 11 novembre sur Pierre Recobre et la critique enthousiaste de la BD de Stéphan Agosto sur Verdun. Pour l’article sur Pierre Recobre, c’est de très loin l’article le plus lu du site. Il a été beaucoup relayé le 11 novembre et a connu une seconde vie à partir du mois d’avril en raison d’un message sur Twitter (X) d’un compte très généraliste et largement repris par des comptes fortement politisés. Depuis, cet article est régulièrement remis en avant par les réseaux sociaux par des comptes toujours politisés sur Twitter (W) ou Linkedin.

Pour les autres articles, atteindre un pic de 40 à 50 lecteurs le dimanche, jour de sortie, est un excellent chiffre. Descendre à une petite vingtaine la norme. Et le reste de la semaine, le site vivote avec souvent moins de 10 accès par jour.

Ce site n’étant pas rémunéré, n’ayant pas de publicité, il ne génère aucun revenu, les statistiques n’ont donc qu’un caractère indicatif et un peu incitatif malgré tout. Pourquoi écrire si ce n’est pas pour être lu ? Certes, le plaisir de découvrir, de chercher, d’écrire est intact, heureusement. Mais voir des articles qu’on espère attirer plus de lecteurs bider est un peu décourageant. Quelle déception de voir le Trésor d’archives sur les grandes familles mobilisées si peu lu alors qu’il aborde plusieurs thématiques. Ou pire, celui sur le photographe de Brive réalisé avec Thibaut Vallé ne pas être relayé par les Archives municipales de Brive malgré la probable découverte de l’auteur de l’album ? Il a fallu quémander un accusé de réception de lecture au service en question et obtenir une réponse peu cordiale.

Cherchons quelques explications à cette désaffection, au-delà de toute colère et sans nier qu’une partie de cet échec à retrouver des lecteurs peut venir du fond comme de la forme, sans que je ne sois capable de le quantifier.

• Un chapitre se ferme, le nouveau se fait attendre

La parenthèse du Centenaire a permis un boum extraordinaire, incitant de nombreuses personnes à se pencher sur cette période. Le bon référencement avait alors permis au site d’être une boîte à outils recommandée et suivie.

Toutefois, ce site est le fruit d’une époque : celle où il y avait peu d’éléments explicatifs disponibles, à une sorte d’âge d’or de la recherche sur le sujet, où les mises en ligne de sources motivaient, où il y avait une effervescence communicative dans notre petite communauté.

Cependant, la parenthèse est terminée, et ce site, suite à ses deux déréférencements et ma pause de près de deux ans, n’est plus ce qu’il a été.

Ce phénomène ne touche pas que ce site : le Forum Pages 14-18 a perdu une grande partie de son dynamisme. Le 110^e anniversaire de la mobilisation n’a été l’objet que d’une seule et unique discussion. Les réseaux sociaux se sont révélés peu efficients pour notre communauté, de nombreux passionnés sont passés à autre chose ou sont décédés, les universitaires sont moins présents sur le sujet. Le chapitre se ferme en donnant l’impression que les passionnés, déjà rares, se sont encore réduits, la relève étant peu nombreuse.

14-18 est une niche. Elle sort de son caractère confidentiel à quelques occasions, quand on commémore un moment particulier comme Verdun, quand les politiques font appel à sa mémoire de manière romancée, orientée, déformée. On continue d’entendre des discours autour de la réhabilitation des fusillés. Les anciens combattants sont remobilisés pour donner une image du héros dans une comparaison pourtant vide de sens avec aujourd’hui.

On voit aussi ce phénomène de niche nettement dans l’industrie du jeu vidéo, de la presse magazine. 39-45 écrase 14-18 dans la mémoire et dans la curiosité de la population. Certes, le Centenaire avait vu un moment où les planètes s’étaient alignées de manière exceptionnelle. Mais il suffit d’observer les commémorations de 2024 pour le 6 juin 1944 pour observer le fossé qui sépare les deux conflits.

La crainte est que cette niche connaisse une nouvelle régression avec la fin des Canalblog depuis février 2024. Cet outil, tout comme les pages persos des fournisseurs d’accès a été vu comme un magnifique facilitateur de publication des résultats de ses recherches, qu’elles soient familiales, thématiques ou généralistes. Or, la fermeture ou les transformations de ces outils a de quoi interroger sur la pérennité de ces publications. Internet, qui pouvait être vu comme un magnifique outil de diffusion des savoirs et de partage, se révèle être juste un nouveau lieu de consommation.

Pour porter l’estocade, les usages d’internet changent. Ils changent même très vite. Les nouvelles générations n’ont plus le réflexe de « demander à Google » ou à un moteur de recherche des réponses. Ils le font de plus en plus via une IA. Or cette IA est nourrie de contenus anglo-saxons en partie, de discussions et d’articles numériques. Mais ne faisant pas le tri, on trouve mélangées les dernières avancées de la recherche et de vieilles lunes. Ces outils conversationnels sont à prendre avec prudence à une époque où l’instantané et ce qui est écrit suffit trop souvent aux yeux du lecteur. De facilitateur, l’outil devient réducteur, source de mauvaises informations, d’éléments tronqués, inexacts, faux.

Le pire n’est pourtant pas là. Les nouvelles générations se détournent des moteurs de recherche pour utiliser les réseaux sociaux à la place. De plus en plus de personnes tapent leurs demandes sur Tik-Tok par exemple et se contentent de ce qu’ils obtiendront là.

Les travaux publiés sont-ils destinés à ne plus être que de la bouillie pour les IA ou de la matière à plagier pour les « créateurs de contenus », ou tout simplement à disparaître plus sûrement que le savoir livresque ?

• Une nouveauté : le copier/coller

Cette année 2024 a été marquée par un très bel exemple de copier/coller d’une page du site : il s’agit de celle sur Pierre Recobre. L’exemple est intéressant car, s’il n’est pas le premier, il est surprenant. A-t-il été réalisé par une IA ? Probablement pas. C’est clairement un mélange de mon article et d’un article de presse du journal La Montagne. Ce qui est surprenant, c’est la qualité : ce sont des morceaux collés les uns après les autres sans aucune vérification de la cohérence du texte, voire avec la référence à des images qui sont évidemment absentes de la copie. L’illustration ci-dessous montre la qualité… « Pierre Recobre Wikipédia » est plusieurs fois indiqué pour aider le référencement alors qu’il n’y a aucun lien avec Wikipédia. Sans trucage.

• Perspectives pour 2024-2025 ?

Ces questionnements n’enlèvent heureusement rien au plaisir de la recherche et des beaux échanges qui accompagnent régulièrement leur publication.

Je reste évidemment ouvert aux questions, ou discussions qui peuvent découler de tout ce qui est écrit ici et dans tout le site.

Après un été passé à mettre à jour d’anciens textes et à tester la traduction en anglais, la période septembre 2024-juin 2025 va voir la publication de nouveaux articles chaque dimanche matin. Ce sera toujours une alternance mensuelle entre analyse d’une photographie ou d’un parcours, étude d’un document d’archive, avis sur un livre. Cette année, plusieurs travaux sur des films en lien avec la Première Guerre mondiale seront aussi diffusés.

Certaines publications seront autour d’une thématique mensuelle, avec une photographie, un livre, un film, une archive liés les uns aux autres. Les recherches effectuées ont beaucoup porté sur la vie de caserne et la place de l’armée dans la vie locale et individuelle avant la Première Guerre mondiale. Dans la grande majorité des cas, les articles portent à la fois sur cet avant-guerre mais aussi sur le devenir au cours du conflit et après lorsque c’est possible.

Twitter (X) apportant trois fois plus de vues que Bluesky pour l’instant, je continuerai de communiquer sur les deux réseaux même si le second – en raison de la qualité des échanges et d’une vraie modération – a ma préférence.

Aux quelques dizaines de lecteurs, merci à vous ! Au plaisir de vous faire découvrir de beaux documents, des parcours, des ouvrages, des films et atteindre le 600^e article en 2025.

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