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ARMAND MICHEL : un deuil inachevé (1880-1915)

Je me revois enfant impressionné par le portrait d’un soldat à l’air sévère qui était chez mon arrière-grand-mère à Reims.

Mon grand-père a beaucoup compté pour moi. Nous vivions près de chez lui et je le voyais chaque jour, entre autres pour l’entretien et le dépannage de mon vélo. Chaque année, il se rendait à Navarin et une ou deux fois, il m’y emmena. Il ne disait jamais les Allemands mais les boches. Cela semblait drôle à l’adolescent des années 70 où les échanges franco-allemands étaient d’actualité. Sans qu’il me le dise, j’ai compris peu à peu la terrible douleur de perdre son père à l’âge de 7 ans. C’est cet homme qui figure sur la photo.

Le souvenir de leur père était évoqué pratiquement à chaque rencontre avec mes grand-oncles et grands-tantes. Ce héros, père de quatre enfants et mort pour la France, fait partie de la tradition familiale maternelle. Le mystère qui entoure sa disparition et l’absence de sépulture font que le deuil n’a pas pu être fait. J’ai bien sûr endossé ces questions et m’en suis posé une supplémentaire « qu’est-ce qui les a fait tenir ? »

Cette tradition contribue aussi au fait que ses fils Jean et Charles et ses petits-fils Armand et Jean-Louis ont repris son métier de peintre.

Au cours de l’année 2007, j’ai commencé à chercher des éléments nouveaux grâce notamment à internet qui permet d’accéder de son fauteuil à une immense bibliothèque et à beaucoup d’archives militaire. J’ai rencontré grâce au forum Pages 14-18 un communauté de passionnés qui m’ont beaucoup aidé pour mes recherches.

Lorsque, j’ai partagé le fruit de mes recherches dans le cercle familial, je me suis rendu compte que le mythe et le « non deuil », certes de façon atténuée, avait été transmis à la génération suivante, voire à celle d’après. Ceci pourrait sans doute faire l’objet d’un travail de recherche à lui tout seul. Le portrait d’Armand est toujours accroché chez un cousin. J’espère qu’il ne fait pas peur aux enfants.

Jean Henri, janvier 2011

  1. La jeunesse et le service militaire d’Armand Michel (1880-1904).
  2. De la fin du service militaire à la mobilisation (1904-1914).
  3. Armand mobilisé.
  4. Artois 1914-1915.
  5. « …regarde bien aux balais et aux pinceaux pour les vers… ».
  6. Offensive de Champagne, septembre-octobre 1915.
  7. Deuil inachevé.

Dernière mise à jour de la page : 24 janvier 2011

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