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5 – Des bleus au dépôt du 154e RI

La photographie en uniforme, seul ou en groupe, est une institution. Cette image est bien dans cet esprit : cinq jeunes hommes se mettent en scène à ce moment capital, à plus d’un titre, de leur vie.

  • Cinq jeunes recrues au 154e RI

Les visages sont jeunes. La classe 1914 a été appelée l’année du 20e anniversaire des hommes la composant, la classe 1915, l’année de leur 19 ans. Leur jeunesse peut expliquer l’absence de moustache pour trois d’entre eux. Non que tous les hommes portaient la moustache, mais un seul sur cinq a une moustache bien marquée, deux autres ne semblant avoir encore qu’un duvet.

Les gros plans sur les visages nous montrent par la même occasion des pattes de collet : on y lit facilement qu’ils sont tous affectés au 154e RI de Bar-le-Duc. Cependant, rapidement après la mobilisation, le dépôt du régiment fut déplacé à Saint-Brieuc. C’est peut-être là que fut prise cette photographie, si ces hommes sont en train de faire leurs classes. Ce n’est hélas qu’une hypothèse parmi d’autres, aucun élément ne permettant d’en dire plus. La photographie est tirée sur un papier « R. Guilleminot, Bœspflug et Cie – Paris ». Il ne faut toutefois pas en tirer de conclusion hâtive. Il s’agit uniquement du fabriquant du papier, papier vendu ensuite partout en France.

  • Paraître adulte

Cette image marque un passage symbolique à l’âge adulte non seulement par l’uniforme et le fait de devenir militaire en temps de guerre, mais aussi avec la présence chez tous d’une cigarette.

D’autres détails apparaissent quand on y prête attention : les chevalières, la montre, l’uniforme fermé réglementairement ou négligemment ouvert, pan de capote ouvert ou pan de capote attaché.

  • Une nouvelle capote ?

En l’absence de noms, de lieu, de date, ce sont certains détails qui permettent parfois d’en dire un peu plus, sans pouvoir faire des affirmations pour autant. Ici, l’indice est un uniforme. Quatre hommes portent la capote modèle 1877. S’ils l’avaient tous, il n’y aurait pas d’indice, mais l’homme de bout au centre n’a pas la même. Il semble qu’il s’agisse d’un des premiers modèles de la nouvelle capote bleue horizon, introduite fin 1914, début 1915.

Fin 1914 et surtout début 1915 fut une période marquée par la présence de l’ancien et du nouvel uniforme. A moins que ce mélange n’ait perduré, on peut probablement dater cette photographie de cette période. Autre élément qui va dans le sens de cette datation : les pattes de collet (portant le numéro du régiment) de ce même homme sont de l’ancien modèle et placés de manière inhabituelle sur le nouvel uniforme.

  • En guise de conclusion

Derrière la jeunesse des visages, imaginaient-ils ce qui les attendait une fois le dépôt quitté ?A peine sortis de l’adolescence, ont-ils vieilli ? L’assurance figée de cet instant ne nous dit rien de ce que fut leur parcours individuel, de leur destin, l’indicible vécu dans cette guerre totale. Ils ont quitté la boutique du photographe, et après ?
Marque d’un passage vers l’âge adulte en temps de paix, ce cliché marque cette fois-ci le passage d’un avant insouciant à un après sombre et plus incertain que jamais.

Pour aller plus loin :

Autre exemple d’utilisation du papier « R. Guilleminot, Bœspflug et Cie – Paris », à Etampes.


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