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Mobiliser réformés, exemptés et services auxiliaires

Le 1er août 1914, le gouvernement français décrète la mobilisation générale. 3,5 millions d’hommes furent mobilisés mais rapidement les pertes s’élevèrent à plusieurs centaines de milliers de soldats. Où trouver les hommes nécessaires pour compléter les effectifs ? Parmi les catégories pour l’instant non mobilisées, ceux qui vont être appelés les « récupérés« .

  • Un statut particulier

Les réformés sont les soldats souffrant d’un problème de santé les empêchant de participer au service actif. Les hommes réformés, des suites blessures ou maladie contractées en service (réforme n° 1) ou temporaire des suites de maladies non imputables au service (réforme n° 2) et quel que soit le motif, avant guerre ne sont donc pas mobilisés le 2 août 1914. Cela ne veut pas dire qu’ils ne participèrent pas au conflit. Les pertes importantes des mois d’août et septembre, cette guerre qui va être plus longue que prévue, tout cela va faire que ces hommes jugés initialement comme impropres au service armé vont pouvoir se retrouver au front.

  • Le cas des réformés et exemptés

Le décret du 9 septembre 1914 qui fait tout changer : il oblige les réformés et exemptés des classes précédentes à la classe 1915, à passer devant une commission de réforme. Il va alors être jugé si l’homme reste réformé, exempté, ou si, au contraire, il est jugé bon pour le service armé ou auxiliaire.

Cependant, ce décret ne va être que le premier pour les réformés et exemptés. Si l’homme sur lequel vous travaillez est resté exempté suite à ce premier passage, au moins un autre passage devant un conseil de révision ou une commission de réforme sera noté, lié à la loi du 20 février 1917.

Les réformés et exemptés étaient autorisés à s’engager pour la durée de la guerre. Mais ils devaient à nouveau passer devant une commission de réforme et ils pouvaient alors être à nouveau réformés.

  • Le cas des ajournés

Les ajournés ont suivi un autre parcours que celui des exemptés et réformés. Mais avec un résultat identique : parfois de multiples passages devant le conseil de révision. Ils passaient devant le conseil de révision à chaque appel d’une nouvelle classe car en tant qu’ajourné, on vérifiait chaque année si le motif d’ajournement était toujours valable. Certains ont donc pu passer 5 fois devant un tel conseil pendant la seule durée de la guerre (sans compter deux fois avant la guerre pour un homme de la classe 1913). Ne vous étonnez donc pas d’une liste de passage devant les conseils de révision ou les commissions de réforme comme dans l’exemple ci-dessous.

  • Dernier cas, les services auxiliaires

Les hommes affectés au service auxiliaire pouvaient faire la demande de passer dans le service actif. Il fallait tout de même passer devant la commission de réforme. Et le vœu du soldat n’était pas toujours entendu comme dans le cas de ce soldat :

Mais ce cas est une exception et dès le 20 septembre 1914, un décret cherche à trouver les hommes du service auxiliaire aptes au service armé. Et à nouveau, ces hommes purent passer à plusieurs reprises devant des commissions de réforme pour voir s’ils étaient aptes au service actif. Il fut même prévu un remplacement de ces hommes qui tenaient tout de même un rôle important dans les dépôts, les casernes à l’arrière : soldats plus âgés, soldats blessés inaptes au service armé, invalides et à la fin de la guerre par des femmes.

  • Pour s’y retrouver un peu

Ce tableau ne se veut pas exhaustif : il compile les informations trouvées dans les lois (L) et décrets (D) mis en application pendant la guerre. Deux textes sont référencés par Philippe Boulanger mais je ne les ai pas trouvés pour l’instant (peut-être des circulaires du ministère de la guerre ?).

  • Sources :

Décrets et lois relatifs à la convocation des réformés, exemptés et classes auxiliaires devant le conseil de révision.

– Recrutement de l’armée N° 68. Commissions spéciales de réforme. Volume mis à jour à la date du 15 octobre 1918. Éditions Charles-Lavauzelle, Paris, 1918.

Pour tout savoir sur la commission de réforme (composition, fonctionnement, critères, documents administratifs…). Accès sur Gallica.

  • Étude :

– BOULANGER Philippe « Les conscrits de 1914 : la contribution de la jeunesse française à la formation d’une armée de masse », Annales de démographie historique 1/2002 (n° 103), p. 11-34. Pour en savoir plus sur le recrutement des classes 1914 à 1922, avec analyse et statistiques très complètes.


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