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Trésors d’archives n°41 – Ne rien dire…

   La nouvelle du décès d’un mobilisé pouvait arriver à la famille de différentes matières : par un camarade ou un officier de manière officieuse ; par des relais officiels. Ici, un chef d’escouade écrit au maire pour informer de la mort d’un homme sous son commandement.

  • Ernest Meunier au 66e RI

    Né en juin 1893, le parcours de cet homme est des plus classiques. Cultivateur de niveau d’instruction « 3 », « Bon pour le service armé », il est incorporé au 66e RI le 26 novembre 1913. Envoyé au front probablement dès le début des opérations, son chef de peloton écrit au maire de Beaufort :


Potyse 29 décembre 1914
Monsieur le Maire
Je me vois obliger d’accomplir un devoir qui m’a été recommander des camarades de mon escouade, alors je viens vous faire part de la mort au champ d’honneur du fils Meunier Ernest, qui fut victime d’une balle ennemie à la tête, et malgré tous nos soins, il a fallu qu’il succombe. Vous voudrez bien faire part à la famille de cette triste nouvelle, mais ce qui doit décharger un peu leurs douleurs, c’est que Ernest Meunier emporte avec lui l’estime de ses camarades et de ses chefs. C’est moi même qui l’a déposé dans sa dernière demeure, à Zonnebecke Belgique. J’ai pris tous ses papiers et valeurs que j’ai remis en paquet que la famille devra recevoir. Recevez Monsieur le Maire mes salutations empressées.
Marquenet Liberté caporal 1ère comp. 66eme en campagne

    Le sort d’Ernest Meunier ne fait pas de doutes mais sa mort n’est pas datée. Elle n’est toujours pas certaine car elle est officiellement datée entre le 20 et le 31 décembre 1914. Or, la lettre semble être partie le 29, ce qui implique une date antérieure audit 29 décembre.

    Cette lettre ne dut pas atteindre la famille. En effet, une mention ajoutée en bas de lettre, par une autre main, indique : « Ne pas tenir compte de cet avertissement ». Cette réaction est étonnante et est en lien avec les devoirs des maires lors des conflits : ne pas transmettre l’information de la mort d’un soldat sans avis officiel.

    L’avis officiel du Ministère de la Guerre ne tarda pas : il est daté du 22 janvier 1915. Le décès est transcrit le 16 juillet 1915 par l’état civil de la commune.

    Quant à Liberté Marquenet, après un détachement de quelques mois à l’arrière, il fut affecté fin 1915 au 54e RIT. C’est dans cette unité qu’il fut tué le 30 mars 1918.

  • Sources :

Archives départementales du Maine-et-Loire : https://archives.maine-et-loire.fr/
83 AC 5 H 6 – Archives communales de Beaufort-en-Vallée. Question des disparus.

1 R 893 – fiche matricule de MEUNIER Ernest, classe 1913, matricule 52 au bureau de recrutement d’Angers.

Archives départementales d’Indre-et-Loire : https://archives.touraine.fr/?id=recherche_thematique

1 R 1274 – fiche matricule de MARQUENET Liberté, classe 1903, matricule 1559 au bureau de recrutement de Tours.

Mise en ligne de la page : 21 mai 2023.


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