Devant le conseil de révision, le jeune Germain Jean Pierre Barthès, originaire de Réalmont dans le Tarn, a fait valoir son état de santé précaire pour être exempté de service actif. La préfecture diligente une enquête. Deux gendarmes à cheval se rendent à son domicile pour l’interroger et pour obtenir des témoignages de ceux qui le connaissent.
- Le rapport de gendarmerie
Enquête sur l’infirmité (État mental) dont s’est déclaré le conscrit Barthès (Germain Jean Pierre) ; cl : 1914, domicilié à Albi, pour demander à être exempté du service militaire.
Cejourd’hui Douze Avril mil neuf cent quatorze à huit heures quarante minutes.
Nous, soussignés Tauziès (Antoine) et Célariès (Édouard), gendarmes à cheval à la résidence d’Albi département du Tarn revêtus de notre uniforme et conformément aux ordres de nos chefs rapportons que pour répondre à une lettre, en date du 7 Avril 1914, de M. le Préfet du Tarn, n° 403/3 de la section, en date du 10 dudit, nous avons recueilli les déclarations suivantes :
Barthès (Pierre), 63 ans, fermier au Mas de Borie, commune d’Albi (Tarn), à 5 heures 40.
« Mon fils est actuellement dans le département de la Creuse ; il travaille pour le compte de M. Gausserand, en qualité de vidangeur. J’ignore quand il rentrera. Malgré qu’il travaille, il est atteint de l’infirmité qui a fait l’objet de sa réclamation devant le conseil de révision. Il y a deux ans environ, il a eu la fièvre typhoïde, depuis lors, il souffre continuellement de maux de tête et de coliques ».
Sudre (Jules), 23 ans, propriétaire au Mas de Borie, commune d’Albi (Tarn), ) 9 heures :
« Je connais le fils Barthès, puisqu’il est mon voisin. Il y a deux ans environ, il eût la fièvre typhoïde, mais je n’ai pas remarqué que cette affection ait affaibli son état mental ».
Randou (Paul), 50 ans, propriétaire au Mas de Borie, commune d’Albi (Tarn), à 9 heures 10’ :
« Je suis un voisin de la famille Barthès. Le fils Germain eût la fièvre typhoïde, il y a deux ans environ, mais je n’ai pas remarqué chez lui un affaiblissement quelconque de son état mental. »
Auriol (Angély), 23 ans, propriétaire au Mas de la Borie, commune d’Albi (Tarn), à 9 heures 20’ :
« Le fils Barthès est mon voisin depuis trois ans. Il y a deux ans environ, il eût la fièvre typhoïde, mais à l’heure qu’il est, il est complètement rétabli. Il travaille régulièrement et vient beaucoup en aide à ses parents. Il m’a eu dit que la fièvre typhoïde lui avait laissé des maux de tête cependant il résonne (sic) très bien, et son état mental ne me paraît pas affaibli. »
Le conscrit Barthès (Germain Jean Pierre), étant en déplacement dans la Creuse, n’a pas pu être entendu. D’après l’opinion publique et d’après les renseignements recueillis, ce conscrit ne paraît pas malade puisqu’il résonne (sic) très bien et qu’il travaille continuellement. En conséquence, sa demande d’exonération du service militaire paraît ne pas être prise en considération.
En foi de quoi (…) »
- Allégations insuffisantes
Le dossier ne comporte pas d’autre procès-verbal de gendarmerie. Le conseil de révision ne changea donc pas son verdict : « Bon service armé ». Le conscrit Barthès arriva au dépôt du 142e RI, comme les autres hommes de sa classe, sans délai supplémentaire, le 4 septembre 1914.
Sans qu’il soit possible de fixer son parcours exact, on sait juste qu’il disparut lors des violents combats du 142e RI autour de Beauséjour dans la Marne entre le 13 et le 22 mars 1915. Ce n’est que par jugement déclaratif du tribunal d’Albi en 1920 qu’il fut déclaré décédé à la date du 13 mars 1915.
- Sources :
Archives départementales du Tarn :
1 R 1-570 : Dossiers individuels pour la classe 1913.
1 R 2-206 : fiche matricule de Barthès Germain Jean Pierre, classe 1914, matricule 614 au bureau de recrutement d’Albi.
https://e-archives.tarn.fr/viewer/viewer/R_serie/1R_Lots/1R2_206/1R2_206_0184.jpg