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Photographies de militaires & présentation de l’évolution.

Études de photographies de militaires de 1900 et 1918 en lien avec les blogs du 74e RI et du 149e RI.

Important : ne soyez pas surpris de découvrir ailleurs un texte proche de celui-ci. Il ne s’agit pas de plagiat ou d’un copier/coller facile, mais ce travail est le résultat d’une réflexion collective entre trois personnes. Chacune a ensuite publié sa propre version de ce travail suivant ses fonds documentaires.

Stéphan Agosto du blog sur le 74e RI : http://74eri.canalblog.com/archives/2018/05/02/36371291.html

Denis Delavois du blog sur le 149e RI : http://amphitrite33.canalblog.com/archives/2018/05/11/36380288.html

Arnaud Carobbi du site « Parcours du combattant 14-18 »

Bonnes découvertes

Les photographies sont un outil d’une extraordinaire richesse pour qui s’intéresse au parcours d’un homme, à l’histoire d’un régiment. C’est dans ce dernier cadre que la présentation qui suit est faite : quels sont les types de photographies que l’on rencontre lorsque l’on s’intéresse à l’armée avant la guerre.
Des photographies avant 1900 existaient, mais elles sont moins fréquentes. Toutefois, les premiers types de photographies évoqués sont représentatifs de ce qui se faisait avant 1900.

  • Une démocratisation en marche

Au tournant du XIXe siècle, la photographie est encore un objet rare et le plus souvent réservé à des moments clefs de la vie : une naissance, un mariage, un portrait (individuel ou de famille), parfois un décès (mais cette pratique disparaît) et l’incontournable photographie au service. Ces clichés sont majoritairement pris par un photographe et pour les portraits dans son atelier. C’est l’époque des cartes-photos, photographies collées sur un carton aux couleurs du photographe.

La majorité a perdu le petit papier qui les protégeait.

La pose est souvent stéréotypée, suivant les instructions du photographe, ce qui explique les similitudes importantes d’un cliché à l’autre pour un même atelier.

Dans certains cas, il prête même une veste présentant bien mieux que la capote de sortie.
La photographie amateur existe également au début du XXe siècle. Elle est souvent le fait d’officiers ou de militaires rengagés et a conduit les auteurs à les regrouper dans des albums.

Il arrive fréquemment que ces clichés aient fortement pâli ou jauni avec le temps, ce qui est moins souvent le cas des tirages des professionnels.
Ces clichés amateurs sont souvent des portraits, des groupes et des moments permettant une pause des sujets, presque toujours en extérieur.

On trouve tout de même, à mesure que les années passent, de plus en plus de photographies prises à tous les moments de la vie militaire : arrivée à la caserne, vie à la caserne, groupes, marches, manœuvres… Ce changement est lié au développement d’un nouveau support : la photo-carte. Cette  photographie tirée sur un papier donnant au final une carte postale à un prix modique marque une étape importante dans la démocratisation de la photographie. D’abord réduite à une portion du verso :

À partir de novembre 1903 elle remplit la totalité de la surface puisqu’il est désormais possible d’écrire son texte au verso de la carte.

On imagine mal la révolution que fut cette photo-carte et, par son coût réduit, le plus grand nombre de clichés qui furent achetés à partir de cette décennie.
Rarement conservée, cette photo-carte est l’épreuve qui a été tirée afin que les hommes y figurant puissent passer commande.

Dans d’autres cas, on trouve aussi un système de numérotation permettant de vendre les photographies.

La venue à la caserne de photographes professionnels (ambulants comme sédentaires) étaient semble-t-il très bien tolérée quand on voit le nombre de photographies de groupes prises au sein même de l’établissement.

Si souvent les hommes posent comme ils sont, au moment de la corvée, entre camarades de chambrée, il arrive qu’il y ait certainement une commande officielle pour photographier tous les hommes.
On trouve fréquemment ces photographies de groupe sur photo-carte, parfois sur un support cartonné (c’était déjà le cas au cours du XIXe siècle).

A partir de 1900, l’imprimeur A. Gelly produit des fascicules appelés « Albums régimentaires » regroupant des photographies des hommes par compagnie. On a donc tous les hommes du régiment à la date des photographies. S’il ne s’agit pas d’une commande officielle du Ministère de la Guerre, cette initiative privée connut un réel succès et une bienveillance évidente des autorités militaires.

  • Le cas des plaques de verre

Il arrive de trouver des plaques de verre montrant des soldats avant-guerre. Il faut rappeler qu’avant-guerre, on photographie sur plaque (les pellicules souples Kodak arrivent au début de la décennie 1910). Il s’agit donc des plaques originales ayant servi à faire des tirages sur papier. Leur grande fragilité explique qu’il n’en reste pas tant que cela un siècle plus tard.
On peut aussi trouver des photographies sur plaques de verre associant deux vues. Il s’agit de plaques utilisées pour un appareil photographique stéréoscopique. Placées dans un appareil spécial, ces vues donnaient une impression de relief et de profondeur.

  • Le cas des photographies en intérieur

Ce sont certainement les clichés les plus rares. En effet, ces photographies nécessitaient une exposition supérieure. Peu d’amateurs se risquèrent à faire cette expérience.

  • Une démocratisation qui s’accélère avec la guerre ?

Il peut paraître étonnant que la guerre et la pénurie de produits chimiques pour les tirages aient conduit à une généralisation de la photographie. Plusieurs explications à ce phénomène qui peut paraître incongru.
Tout d’abord, les anciens types de photographies continuèrent d’être achetés chez les photographes :  photographies sur carton, photographies de groupes ou individuelles tirées sur photo-carte.

Cependant, les cartes-photos passèrent de mode et on en trouve de moins en moins à mesure que la décennie 1910 passe. De même, il n’y eut plus de photographies dans des albums régimentaires, même si des photographes professionnels continuèrent de venir dans les hôpitaux, les dépôts et lors de marches ou d’exercices.

Ensuite, c’est au front que cette démocratisation s’accélère. Certes, les appareils photographiques ne sont pas nombreux, mais des officiers voire des hommes du rang partirent avec leur appareil photographique. C’est là que les appareils Kodak pliables (le fameux Vest Pocket) avec une pellicule souple permirent la réalisation de nombreux clichés.
Non seulement les amateurs en firent des albums photographiques qui sont des merveilles d’informations quand ils sont légendés, mais ils fournirent à des camarades des tirages de ces photographies.

Européana 14-18, contribution 12230 (accès direct)

Ces échanges font que la vie à l’arrière voire au front est relativement bien documentée.

  • D’autres sources

Des photographes du service des armées ou des journalistes photographièrent les hommes pendant le conflit. On en trouve de nombreux exemples grâce à ces trois sites :

– Européana

La Contemporaine (ex BDIC) : fonds Valois sur le site Argonnaute.

Gallica

  • En guise de conclusion

On image souvent que la photographie était encore un luxe au début du XXe siècle. Si sa pratique l’était, être photographié l’était de moins en moins. La photo-carte fut le médium principal de cette démocratisation au début du XXe siècle. Le développement de la pratique grâce à Kodak en fut un autre, à partir des années 1920.
Les photographies sont une source essentielle de cette histoire militaire du premier quart du XXe siècle. Si elles permettent de découvrir des aspects méconnus de la vie militaire, elles sont aussi une source particulièrement bien connue des spécialistes de régiments. Ils sont alors capables de replacer les clichés dans leur contexte spatial, chronologique, mieux que n’importe qui d’autre.

  • Pour en savoir plus :

N’hésitez pas à consulter les articles « frères » de cette page. Ils apportent un autre éclairage par l’intermédiaire de fonds cohérent sur un régiment.

Sur le blog de Staphan Agosto  sur le 74e RI : http://74eri.canalblog.com/archives/2018/05/02/36371291.html

Sur le blog de Denis Delavois sur le 149e RI : http://amphitrite33.canalblog.com/archives/2018/05/11/36380288.html


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