Par Eric de Fleurian
A la mobilisation, l’Afrique du nord met sur pied trois divisions d’infanterie à partir des troupes stationnées en Algérie et en Tunisie, deux divisions marocaines et un régiment mixte isolé à partir des troupes stationnées au Maroc, la brigade de chasseurs indigènes avec les troupes marocaines. La 2e division marocaine (1) est disloquée à son arrivée à Bordeaux et les deux brigades (3e et 4e brigade du Maroc) qui la composent sont d’abord engagées isolément avant d’être endivisionnées, en 1915, au sein de divisions nouvellement créées aux armées.
La 37e Division d’Infanterie
Mise sur pied en Algérie sous les ordres du général Comby, elle est constituée à partir de troupes provenant des divisions de Constantine et d’Oran. Elle comprend :
¤ La 73e brigade d’infanterie (général Blanc) avec 3 régiments de marche : le 2e RMZ à trois bataillons, le 2e RMT à trois bataillons et le 6e RMT à deux bataillons.
¤ La 74e brigade d’infanterie (colonel Taupin) avec 2 régiments de marche : le 3e RMZ à trois bataillons et le 3e RMT à quatre bataillons.
¤ Une artillerie divisionnaire (AD) constituée par les 1er, 2e et 3e GACA (groupe d’artillerie de campagne d’Afrique) ; des éléments de cavalerie [quatre escadrons du 6e RCA (régiment de chasseurs d’Afrique)] et de génie [compagnie 19/1].
A la fin septembre 1914, le 6e RMT est dissous et ses éléments résiduels entrent dans la composition du 2e RMT.
Le 6 août 1918, les deux brigades d’infanterie sont supprimées pour donner naissance à une infanterie divisionnaire (ID) à 3 régiments (le 3e RMT passe à la 51e DI).
La 38e Division d’Infanterie
Mise sur pied en Algérie sous les ordres du général Muteau, elle est constituée à partir de troupes provenant des divisions d’Alger et d’occupation de Tunisie. Elle comprend :
¤ La 75e brigade d’infanterie (général Schwartz) avec 2 régiments de marche : le 1er RMZ à trois bataillons et le 1er régiment de marche de tirailleurs (futur 9e RMT) à trois bataillons.
¤ La 76e brigade d’infanterie (général Bertin) avec 3 régiments de marche : le 4e RMZ à quatre bataillons, les 4e et 8e RMT à deux bataillons chacun.
¤ Une artillerie divisionnaire (AD) constituée par 3 groupes du 32e RAC ; des éléments de cavalerie [quatre escadrons du 5e RCA] et de génie [compagnie 19/2].
Fin octobre 1914, le 4e RMT passe à la division marocaine.
Le 17 janvier 1915, la 75e brigade quitte la division qui reçoit à la place la brigade de fusiliers marins.
Le 6 décembre 1915, la brigade de fusiliers marins est dissoute. La 38e DI est reconstituée à deux brigades d’infanterie le 24 décembre 1915, à l’arrivée de la 4e brigade du Maroc (RICM et 4e RMZT) venant de la 152e DI.
Le 20 juillet 1918, les deux brigades sont supprimées pour donner naissance à une infanterie divisionnaire à 3 régiments (le RICM passe à la 2e DM).
Le 13 septembre 1918, le 8e RMT passe à la 56e DI, il est remplacé par le 10e groupe de bataillons de chasseurs (49e, 65e et 69e BCP) qui vient de la 56e DI.
La 45e Division d’infanterie
Mise sur pied en Algérie sous les ordres du général Drude, elle est constituée à partir du reliquat des troupes encore stationnées en Algérie et Tunisie. Elle comprend :
¤ La 89e brigade d’infanterie (2) (général Trafford) avec 2 régiments de marche à trois bataillons chacun : le 1er régiment de marche de zouaves (futur 3e RMZT) et le 3e régiment de marche de zouaves (futur 3e bis RMZ).
¤ La 90e brigade d’infanterie (général Quiquandon) avec 2 régiments de marche à trois bataillons chacun : le 2e régiment de marche de zouaves (futur 2e bis RMZ) et 2e régiment de marche de tirailleurs (futur 1er RMT).
¤ Une artillerie divisionnaire constituée par 3 groupes [le 5e GACA, un du 52e RAC et un du 58e RAC] ; des éléments de cavalerie [deux escadrons du 1er RCA et deux escadrons du 2e RCA] et de génie [compagnie 17/1 M].
Le 16 novembre 1914, arrive à la division le 1er BMILA (bataillon de marche d’infanterie légère d’Afrique) en provenance du Maroc. Il est suivi, le 10 février 1915, par le 3e BMILA (arrivé aux armées depuis le 3 novembre 1914 et rattaché successivement à la 38e DI, puis à la 42e DI, puis au 16e CA). Il semble que ces deux bataillons n’ont été affectés organiquement à la division que le 26 mars 1915.
Le 6 novembre 1915, après le départ du 2e bis RMZ pour l’armée d’Orient, la 90e brigade comprend le 1er RMT et le groupe de bataillons d’Afrique (1er et 3e BMILA).
Le 14 janvier 1918, arrive à la division le 2e BMILA, affecté au groupe de bataillons d’Afrique (GBA) de la 90e brigade.
Le 8 mai 1918, à la création du 6e RMT (par changement d’appellation du 3e RMZT dissous), ce régiment reste à la 91e brigade.
Le 17 juin 1918, les deux brigades sont supprimées pour donner naissance à une infanterie divisionnaire à 2 régiments plus le GBA (le 6e RMT passe à la 58e DI).
La 1ère Division Marocaine (3)
Mise sur pied au Maroc sous les ordres du général Humbert, elle est constituée à partir des troupes d’occupation du Protectorat stationnées au Maroc. Elle comprend :
¤ La 1ère brigade du Maroc (général Blondlat) avec 2 régiments de marche à trois bataillons chacun : le régiment de marche de zouaves (futur 8e RMZ) et le régiment colonial de marche.
¤ La 2e brigade du Maroc (4) avec 2 régiments mixtes de zouaves et tirailleurs : le 1er RMZT à 3 bataillons (il ne comporte que des bataillons de tirailleurs, le bataillon de zouaves prévu ayant été affecté à un autre régiment de marche) et le 2e RMZT à quatre bataillons.
¤ Une artillerie divisionnaire à 3 groupes ; des éléments de cavalerie [deux escadrons du 9e RCA] et de génie [compagnie].
Le 1er octobre 1914, suite aux pertes des combats précédents, la 1ère brigade devient coloniale avec deux régiments mixtes : les 1er et 2e, composé chacun d’un bataillon européen et de deux bataillons sénégalais. La 2e brigade, baptisée métropolitaine, comprend le régiment de marche de zouaves (futur 8e RMZ) à quatre bataillons et le régiment de marche de tirailleurs (futur 7e RMT) à quatre bataillons. La composition de la 2e brigade n’évolue plus jusqu’à la fin de la guerre.
Le 21 octobre 1914, la 1ère brigade perd le 2e régiment mixte colonial et reçoit une brigade de légion étrangère à deux régiments : le 2e régiment de marche du 1er étranger et le 2e régiment de marche du 2e étranger, à deux bataillons chacun. Ce dernier quitte la brigade le 25 octobre. Le 1er régiment mixte colonial quitte la brigade le 25 novembre 1914 et il est remplacé par le 4e RMT à 3 bataillons, venant de la 38e DI ; entre temps, le 2e régiment de marche du 1er étranger a été réalisé à 4 bataillons.
Le 15 juillet 1915, la 1ère brigade reçoit le 2e régiment de marche du 2e étranger, à quatre bataillons.
Le 11 novembre 1915, les deux régiments de marche de légion étrangère sont fondus en un seul régiment : le régiment de marche de la légion étrangère (RMLE), à 3 bataillons.
Le 2 juillet 1918, au départ du 4e RMT pour la 2e DM, la 1ère brigade reçoit le 43e BTS, puis le 10 juillet le 12e bataillon de tirailleurs malgaches, puis le 17 juillet le 27e BTS. Le 22 juillet, après le départ des deux bataillons sénégalais, elle est définitivement réorganisée avec le RMLE, le 12e bataillon de tirailleurs malgaches et la légion russe [cette unité, de la valeur d’un bataillon, est arrivée à la DM le 4 janvier 1918 ; elle est rattachée à la 2e brigade avant de rejoindre organiquement la 1ère brigade].
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1. L’existence de cette 2e division marocaine n’est évoquée que dans le seul JMO du 2e bataillon du 1er RZ (26 N 837/4) où il est dit, page 4, que le régiment de marche de zouaves de la 3e brigade du Maroc lui est rattaché organiquement ; elle est alors sous le commandement du général Brulard. A la page 5, il est précisé, le 11 septembre, que cette division, en cours de rassemblement dans la région de Bordeaux, ne sera finalement pas constituée. Les deux brigades la composant seront engagées isolément.
2. Elle a pris le numéro 91 le 6 novembre 1914 parce qu’il existait déjà une 89e brigade à la 44e DI.
3. Elle prend officiellement l’appellation de 1ère division marocaine le 7 juillet 1918. Concernant le nom de « division marocaine », il n’est pertinent qu’au regard du lieu de stationnement des unités la composant car elle ne comportait aucune unité marocaine. Il faudra attendre la création de la 2e DM en 1918 pour y voir une unité marocaine : le 2e RMTM.
4. Initialement et jusqu’au 30 septembre 1914, cette brigade n’a pas d’état-major comme la 1ère. Elle est commandée par le chef de corps le plus ancien, en l’occurrence le lieutenant-colonel Cros qui commande en même temps son régiment : le 1er RMZT. Dans les faits, l’état-major de la division a souvent commandé directement les deux régiments.
Pour en savoir plus : Le site incontournable sur le sujet : Le site d’Eric de Fleurian, https://www.les-tirailleurs.fr/
Présentation
Tirailleurs algériens, tunisiens et les zouaves :
Introduction aux régiments organiques
Les régiments organiques (1) : les régiments de tirailleurs indigènes
Les régiments organiques (2) : les régiments de zouaves
Introduction aux régiments de marche
Les régiments de marche (1) : les régiments de marche de tirailleurs
Les régiments de marche (2) : les régiments de marche de zouaves
Les régiments de marche (3) : les régiments mixtes de zouaves et tirailleurs
Tirailleurs marocains
Les grandes unités ayant comporté des tirailleurs et des zouaves :
Introduction : la situation en 1914
=> Les grandes unités constituées en Afrique du Nord
Les grandes unités crées pendant la guerre
Les autres grandes unités
Tableaux de synthèse et parcours de guerre :
Tableaux de synthèse des régiments organiques
Tableaux de synthèse des régiments de marche
Tableaux de synthèse des grandes unités
Parcours de guerre
Annexes et sources
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Publication de la page : 6 janvier 2013 – Dernière mise à jour : 20 janvier 2013