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La mobilisation des classes 1911-1919

Le 1er août 1914, le gouvernement français décrète la mobilisation générale. Que s’est-il passé pour les 880 000 hommes alors au service militaire ? Et quand les classes suivantes furent-elles mobilisées ?

  • Les classes 1911, 1912 et 1913

Ces classes sont alors sous les drapeaux. La classe 1911 attendait sa libération en octobre 1914. Les hommes qui la composent auront le double privilège d’être ceux qui resteront le plus longtemps sous l’uniforme, plus de 6 ans et 10 mois, et une des classes proportionnellement les plus meurtries.

La mobilisation trouve donc ces hommes à la caserne. Ils vont encadrer l’arrivée des réservistes et former la structure des régiments d’active (dont il sera question un peu plus loin).


En raison de la loi des trois ans de 1913, trois classes sont au service en août 1914.

La classe 1911 depuis octobre 1912, les classes 1912 et 1913 depuis respectivement octobre et novembre 1913. Les classes 1911 et 1912 ne devaient pas être affectées par le passage à trois ans :

« Art. 41 : la présente loi n’est pas applicable aux classes de 1910, 1911 et 1912, qui demeurent régies par la loi du 21 mars 1905« .

La classe 1911 devait donc être libérée en septembre ou octobre 1914, la classe 1912 en 1915.

La majorité de ces hommes se retrouvèrent donc rapidement au front.

  • Les classes 1914, 1915, 1916, 1917, 1918 et 1919

Pour éviter la pénurie d’hommes, la classe 1914 est rapidement appelée par anticipation, deux mois avant la date prévue.

Ensuite, chaque année fut appelée une classe, mais toujours avec 11 mois d’avance pour la classe 1915 et plus d’un an et demi d’avance pour les classes 1916 à 1919 sur la date théorique d’incorporation. Ainsi, au lieu d’avoir 20 ans au moment de leur incorporation, les recrues n’en avaient que 18 ou 19.

L’appel sous les drapeaux anticipé ne veut pas dire pour autant que tous les hommes de chaque classe se retrouvaient immédiatement sous les drapeaux. En fait, la procédure était simplement accélérée et simplifiée. Toutefois, il y avait toujours le recensement, le passage devant le conseil de révision, réduit à 4 membres, et l’appel sous les drapeaux. Ainsi pour la classe 1915, le recensement fut décidé le 2 septembre 1914 et devait être achevé pour le dimanche 27 septembre. L’appel sous les drapeaux commença en décembre. Ce type d’anticipation fut aussi la règle pour les classes suivantes, mais avec des délais un peu plus longs entre le recensement et l’appel sous les drapeaux.


Ensuite, de manière aussi accélérée, les nouvelles recrues faisaient leurs classes avant d’être envoyées au front en fonction des besoins d’une unité. Cela ne se traduit pas par une mention particulière et systématique dans le registre matricule. On trouve le plus souvent « Incorporé à partir du… au… régiment… ». Dans le cas présenté ci-dessous, après ses classes au 158e RI, la recrue fut envoyée au front 140e RI (soit pour poursuivre sa formation militaire, soit directement au front).

Parfois la mention est tamponnée. Dans certains cas, on trouve la mention suivante :

Les hommes qui ne se présentaient pas malgré l’appel de leur classe étaient classés comme insoumis. Dans l’exemple qui suit, il s’agissait d’une erreur : cet homme n’était en fait pas insoumis puisqu’il n’avait pas la nationalité française. Il n’était donc pas assujetti aux devoirs militaires.

  • La suite de la recherche

Et pour les hommes qui étaient réformés, exemptés, dans le service auxiliaire avant guerre ? Ont-ils échappé à la mobilisation ? Voir la page à ce sujet.

Un dernier cas peut se présenter : les engagés volontaires, que ce soit pour la durée de la guerre ou une durée fixe. Voir la page à ce sujet.

Sinon, la suite de la recherche va vous conduire à l’affectation de votre soldat. Voir la page à ce sujet.

  • Pour approfondir le sujet abordé par cette page :

– CHEVALLIER Gabriel, La peur, Nantes, Editions Le Passeur, 2002 (1ère édition : 1930). Nouvelle narration très intéressante des classes. Classe 1915. Présentation de l’ouvrage.

– GALTIER-BOISSIERE Jean : La fleur au fusil. Paris, Mercure de France, 1980 (1ère édition 1928). Narration des derniers jours avant la mobilisation générale par un homme qui était au service. Avec le style et la gouaille si imagée de Galtier-Boissière. Classe 1911. Quelques commentaires sur un livre incontournable sur le début de la guerre.

– GAU René : Jean, classe 1915 ou Lettres volées à l’oubli. Entre les pages d’un parcours parfois romancé, la correspondance fidèlement transcrite d’une recrue de la classe 1915. Riches en détails sur l’apprentissage de la vie militaire à partir de décembre 1914. A lire sous la forme d’un e-book ou à télécharger dans un autre format.

– THOME Jacques, Le fantassin de Kerbruc, Vauchrétien, Ivan Davy éditeur, 1991. A nouveau un classe 1915. Au travers de ses lettres, on voit quelques éléments de la formation des fantassins. Lire l’article sur ce livre.

  • Sources :

Décrets et lois relatifs au recensement et à l’appel des classes pour comparaison.

– Image de l’affiche du parcours du Conseil de révision pour la classe 1915 (Nord)

(Image seuleNotice). Site de la BM de Roubaix.

– Image de l’affiche du parcours du Conseil de révision pour la classe 1917 (Nord).
(Image seuleNotice). Site de la BM de Roubaix.

– Les vifs débats à la Chambre des députés à propos de la date d’incorporation de la classe 1917 sur le site de l’Assemblée nationale.

– BOULANGER Philippe « Les conscrits de 1914 : la contribution de la jeunesse française à la formation d’une armée de masse », Annales de démographie historique 1/2002 (n° 103), p. 11-34. Pour en savoir plus sur le recrutement des classes 1914 à 1922, avec analyse et statistiques très complètes.


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