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Du témoignage à la représentation graphique de l’artiste

Maël, Vincent Odin, Entre les lignes, Paris, Galerie Daniel Maghen, 2014. 112 pages.

Je n’ai pas l’habitude de chroniquer des bandes dessinées dans cette rubrique. J’en lis de nombreuses ayant trait à ce conflit, mais ce sont des fictions ou de bien maladroites transcriptions en dessins d’une bataille, d’une période, d’un événement, d’un thème. Seul le travail de Barroux On les aura ! Carnet de guerre d’un poilu (août, septembre 1914) datant  de 2011 a été chroniqué dans ce site.

J’en apprécie tout de même d’autres, au nombre desquelles les quatre tomes de la bande dessinée de Maël et Kriss, Notre Mère la Guerre publiés de 2009 à 2012. En plus d’un scénario ciselé, c’est une des rares productions où je ne me suis pas dit en tournant les pages qu’elle était remplie d’inexactitudes et d’erreurs : pas de clichés, une représentation soignée et réaliste.

En voyant la couverture du présent album, j’ai tout de suite reconnu le style de Maël. Si je le chronique, c’est qu’il s’agit d’un travail autour d’un écrit, de photographies ayant appartenu à un homme, Marcel Lafougère, et sa famille.

L’œuvre commence par les mots de Maël qui laissent la place progressivement à ses dessins. Passée cette très belle introduction, on entre habilement dans les carnets d’instruction de cet homme. Ce qui est particulièrement réussi, c’est la mise en page qui intègre les mots et les schémas du carnet en parfaite harmonie avec les dessins et les quatre nouvelles proposées par les auteurs.

Chacune de ces nouvelles est liée à un thème étudié par Marcel Lafougère lors de ces cours et montrent quatre aspects du conflit. Chacune met en scène des combattants d’une nation en guerre, l’Allemagne, l’Angleterre, la France et la Russie, autour du gaz, des grenades, des mitrailleuses et de l’artillerie, mais surtout des histoires d’hommes. La mise en mots, la mise en page, les thèmes originaux traités par les nouvelles et ce mélange avec des documents originaux apportent une vraie originalité à ce travail réellement artistique et graphique.

Sa structure permet une double lecture, que l’on suive les documents de Marcel Lafougère ou que l’on s’intéresse plus à ce que ces écrits ont conduit les auteurs à imaginer.

Le travail d’imagination réalisé par Maël autour de ce soldat est particulièrement original. Si on ajoute un texte sensible, qui n’est ni larmoyant ni caricatural, de magnifiques dessins et une conclusion sur le retour des mots de Maël, on obtient un ouvrage riche, varié et de qualité.

La mort est présente en fil rouge, par l’intermédiaire des armes décrites par Marcel Lafougère, par les récits et finalement par l’évocation de sa mort, non par des dessins des auteurs mais par les mots d’un ami, par des photographies, par les images de son absence.

Une évocation vraiment réussie de ce conflit qui mérite d’être découverte.

Pour découvrir quelques pages, cliquez ici (redirection vers le site de BDgest.com).


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