Les cartes postales et la lettre conservés par la famille sont toutes de cette période où le 294e RI est en Artois. Une rapide analyse nous indique que les échanges sont réguliers et fréquents, les réponses sont faites par retour du courrier dans les deux sens.
Le froid apparait le 19 novembre 1914, la neige tombe. Armand tombe malade, il souffre de courbatures fébriles. Cette affection de courte durée atteint un grand nombre de soldats ; suivant la description qu’en donne Hanns (1) :
« Le malade est en général très abattu, très las, harassé et fatigué, il se plaint de douleurs dans la région lombaire, accessoirement dans la région sacrée et sacro-iliaque, le pourtour du thorax, d’autres fois ces douleurs s’étendent à toute la région dorsale, le long des gouttières vertébrales et à la partie postérieure des côtes et parfois enfin aux membres et surtout aux membres inférieurs. Les régions signalées comme siège de douleurs spontanées sont toujours douloureuses à la pression et la sensation pénible augmente également par les mouvements spontanés ou provoqués.
Ils refusent de prendre de la nourriture, à peine acceptent-t-ils de prendre rapidement le jus avant de se jeter sur la paille du cantonnement. Maux de tête, température variant de 37,5° à 39° qui tombe presque toujours au bout de trois jours. Les douleurs musculaires peuvent durer plusieurs jours, puis tout se calme définitivement. «
Selon le livret militaire et le billet d’hôpital, Armand est soigné, le 16 novembre 1914, à l’ambulance de Bienvillers, puis à l’HOE (Hôpital d’évacuation) n°2 de Doullens, évacué, convalescent (sic), le 20 sur l’Hôpital Complémentaire n° 11 de Beauvais (Oise), qui fonctionne dans le lycée de Jeunes Filles Jeanne Hachette, 31 boulevard du Palais de Justice (aujourd’hui boulevard Amyot d’Inville) et comporte 280 lits. Il y reste jusqu’au 25 novembre. Etat grippal, virose, etc. ? Toutes les hypothèses sont possibles. Le service de santé suspecte des cas de fièvres typhoïdes pendant cette période.
Carte photo d’Armand Michel à sa mère, le 19 février 1915 :
« Une carte que je me suis fait faire ». (2)
Le régiment est relevé au mois de février et reste trois semaines en seconde ligne puis s’installe à nouveau dans le secteur de Foncquevillers (Pas-de-Calais) avec un bataillon en ligne, un en réserve. Les soldats en profitent pour se faire tirer le portrait et écrire à leur famille. La même photo a été envoyée à son beau-frère Georges le 10 mars 1915.
Un ami du forum possède également une série identique de soldat du 354e RI de la même brigade (56e) que le 294e, tiré au même endroit, au même moment et sans doute par le même photographe.
Le 2 avril, Jean envoie une carte à son père pour Pâques (4 avril 1915).
Son père lui répond le 8 :
« Mon cher Jean… J’espère que quand tu seras grand qu’il ne t’arrive pas de partir… Continue a bien écrire, écoute bien ta mère et tes grand-parents, tu embrasseras ton frère Charles ta sœur la petite Reine et aussi ta sœur Hélène…. et quand je rentrerai tu travailleras avec moi. »
Carte postale d’Armand du 8 avril 1915 (3)
Jean apprit et exerça le métier de peintre-décorateur comme son père. Jean, classe 1927, sera fait prisonnier avec son unité en 1939 vers Chaource.
Le 10 juin Armand envoie la carte avec une photo d’Hébuterne à un ami Alfred Delsuc aux Sables d’Olonne (Vendée). Cette carte a été retrouvée, par hasard, sur une brocante. Ma mére ayant reconnu la signature de son grand-père.
Le 24 juin, il envoie une carte à son fils Jean, réfugié avec toute la famille à Epernay (14 rue Thiercelin), qui lui répond par retour du courrier le 28 juin.
Selon l’aspirant Laby (4), le 31 juillet, le 6ème bataillon part pour douze jours au repos à la Haye. Le 5ème bataillon celui d’Armand y partira le 12 août, selon la lettre écrite le 2 août.
5. « …regarde bien aux balais et aux pinceaux pour les vers… », 2 août 1915.
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1. Larcan Alain, Ferrandis Jean-Jacques : Le service de santé aux armées pendant la Première Guerre mondiale, Editions LMB, Paris, 2008, page 466.
2. Collection Paulette Michel. La même carte-photo à été envoyée à son beau frère Georges le 10 mars 1915.
3. Collection Paulette Michel. Les cartes suivantes appartiennent à la même collection.
4. Les carnets de l’aspirant Laby, médecin dans les tranchées, 28 juillet 1914 – 14 juillet 1919, Editions Bayard, Paris, 2001. La ferme de La Haye, dépend de la commune de Foncquevillers. Le château reconstruit fut détruit durant la guerre 1914-1918.
Dernière mise à jour de la page : 29 janvier 2011