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57 – Place de Toul, août 1914

    Cette photographie montrant 25 soldats à Toul en août 1914 a été numérisée en septembre 2011. La recherche a longtemps bloqué sur l’absence de mise à disposition des fiches matricules par les Archives de Paris. Leur mise en ligne a permis de savoir qui est Eugène Richard et de faire cette petite recherche.

Collection Stéphan Agosto
  • Un groupe à contextualiser

    Eugène Richard n’est d’aucune aide dans son texte pour comprendre la prise de ce cliché. Il donne simplement la date où il écrit, tout en précisant « Mobilisation de l’Est, place de Toul ». La carte est écrite le 1er septembre mais le cliché lui-même a donc été pris en août. Il ajoute qu’il a été photographié entouré d’infirmiers, ce qui saute aux yeux tout de suite : pratiquement tous les hommes portent le brassard avec la croix rouge et un homme tient un drapeau avec ladite croix rouge.

    Cinq hommes du 42e RIT sont bien identifiables avec leurs chiffres blancs de régiment. L’identification ne fait aucun doute car le blanc est trop net pour être de la craie et parce que deux bataillons du régiment sont autour de Toul afin de participer aux travaux de mise en défense de la place.

    À leur côté, on peut observer des soldats avec l’uniforme du 69e RI. Sur l’extrait ci-dessous, l’homme de droite porte une veste ras-cul de la 23e SIM mais son képi est du 69e RI.

    Un dernier numéro de col, isolé est lisible : 146e RI.

    D’autres unités sont peut-être représentées, mais en l’absence de numéro visible, seule l’affectation à la 2e ou 24e STIM permet de l’affirmer. Il est au centre de trois infirmiers.

    Du personnel médical est aussi visible grâce au caducée du col de capote de l’homme qui est à côté de celui qui semble être un cuisinier :

    Bien que plusieurs de ces soldats soient affectés à une SIM  ou une STIM, un seul porte le képi avec passepoil en cordonnet blanc.

    Ce tour des unités s’achève par deux médecins, des aides-majors de 1ère classe (équivalent de lieutenant). Celui de droite sur l’image porte les palmes académiques. Chacun porte un modèle de veste différent. Celle de gauche est du modèle 1893 à 9 boutons depuis 1911. Celle de droite diffère par l’absence de pattes de parement avec trois boutons.

    Tous ces hommes sont-ils rattachés à la même structure ou s’agit-il d’un cliché de circonstance, aucune information ni recoupement ne permet de l’établir pour l’instant.

  • Une composition réfléchie

    Comme c’est souvent le cas, un certain ordre transparaît dans la composition du cliché. Les deux officiers assis au centre, deux cyclistes de chaque côté ainsi que deux porte-drapeaux de circonstance. Toutefois, la composition n’est pas régulière au niveau de la répartition des hommes. Le caporal sur la gauche du cliché, dont le corps d’affectation est illisible, est celui qui rompt la symétrie de manière la plus visible.

  • Quelques détails

    Comme évoqué ci-dessus, les drapeaux ont des hampes de fortune, réalisées avec ce qui pourrait être des perches de téléphonistes.

    Le cycliste de gauche dispose de tous les attributs du cycliste de compagnie la veste à cols rabattus, le pistolet, une sacoche. Il porte toutefois le brassard de la croix rouge comme ses camarades.

  • Eugène Richard

La croix désigne l’auteur de la carte : Eugène Richard. Né en 1875, ce territorial parisien a fait son service actif et ses périodes d’exercices dans des SIM. C’est donc logiquement qu’il est affecté à une SIM  territoriale à la mobilisation. La fiche matricule n’est pas claire : il semble avoir été affecté à la 24e STIM à Versailles avant-guerre puis à la 23e SIM de Troyes, ce qui expliquerait sa présence à Toul avec d’autres hommes affectés à la 23e SIM. 

    Son texte est plutôt laconique et n’évoque que sa barbe.

« Mobilisation de l’Est, place de Toul.
Toul, le 1er Septembre 1914.
Ma chère Mathilde
Je vous envoie ma photographie prise dans un groupe de médecins et d’infirmiers militaires, je paraîs un peu vieilli parce que ma barbe n’avait pas été rasée, si on trouve des photographes, on ne trouve pas toujours des perruquiers.
Eugène Richard »

    Sa profession de chauffeur explique la suite de son parcours. Il reste à la 23e STIM jusqu’au 10 septembre 1915. Il part alors travailler chez Panhard Levassor à Paris, puis aux Ateliers de constructions de Tarbes. Il est ensuite affecté dans diverses entreprises de 1916 à 1918 avant de rejoindre la 24e SIM jusqu’à sa démobilisation en janvier 1919. Il retourne alors à l’adresse notée sur sa carte « 39 rue de Conflans à Herblay » qu’il occupe depuis juin 1914.

    Impossible de dire pour l’instant qui est Mathilde Houdelette pour Eugène Richard qui vit à la même adresse.

  • En guise de conclusion :

    La contextualisation de tels clichés est difficile car les unités pouvaient être mélangées, se retrouver dans une caserne ou un cantonnement commun sans que cela ne soit bien documenté dans les archives disponibles.

  • Remerciements

    À Stéphan Agosto pour m’avoir permis de travailler sur cette photographie. Il reste à dire et à faire, mais la voilà dégrossie.
    Merci aux membres du Forum Pages 14/18 pour leur aide pour identifier les hampes de drapeau utilisées.

  • Sources :

AD75 D4R1 833, fiche matricule de Richard Eugène, classe 1895, matricule 4286 au bureau de recrutement de la Seine, 1er Bureau.


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