Un simple portrait de deux personnes ne peut pas faire l’objet de trop longs développements : il y a peu à dire sur l’uniforme, d’autant qu’aucun numéro de régiment n’est visible et que l’éventail de datation est large, à partir de 1918. En effet, le bonnet de police de ce type apparaît cette année-là. Mais un tel article nécessite une base qui n’est pas toujours présente : des identités. C’est ici la seule information disponible.
- Isabelle et Maurice Ouvry
« Isabelle Maurice Ouvry », c’est tout ce dont on dispose. Heureusement, le patronyme n’est pas commun et nous avons une piste sérieuse pour identifier ce soldat. Si on trouve un Maurice Ouvry uni à une femme prénommée « Isabelle » il est fort probable que ce soit notre homme.
«Le « Grand mémorial » ne donne que peu de résultats. Les trois derniers sont éliminés d’office, le cas en question étant mort assassiné fin 1914, à une date incompatible avec l’uniforme du cliché.
Pas d’Isabelle trouvée pour les deux premiers. Par contre, pour Maurice Albert Marcel, un premier point est favorable à l’identification. Né en 1892, il appartient à la classe 1912. Incorporé en octobre 1913, il partit avec le 24e RI le 6 août 1914 et fut capturé le 22 août à Anderlus. Prisonnier de guerre de 1914 à son rapatriement en France le 12 janvier 1919, cela correspond bien à la tenue de fin de guerre visible sur la photographie.
La recherche de son acte de naissance permet de confirmer qu’il s’agit de la bonne personne. En effet, en marge de l’acte figure la mention d’un premier mariage
« Marié à Notre-Dame-de-Bonneville le 15 novembre 1919 avec Fercy Isabelle Marie […] » : on a bien un Maurice et une Isabelle. Tous les feux sont au vert pour identifier et proposer un parcours à ces deux personnes.
L’absence de bague aux mains permet de dater le cliché entre le retour de Maurice et le mariage, soit entre janvier et novembre 1919 et même avant sa démobilisation le 24 août 1919.
Impossible d’en dire plus concernant ces personnes. Se connaissaient-elles avant-guerre ? On trouve plusieurs fiches au CICR pour Maurice, y compris suite à une demande de la famille réalisée en novembre 1914. L’adresse de retour est pour monsieur Ouvry, rue des Longs Vallons à Notre-Dame-de-Bondeville ; on ne trouve pas de trace d’Isabelle ici.
L’impossibilité de consulter l’état civil de Notre-Dame-de-Bondeville sur le site des Archives départementales de Seine Maritime d’où semble originaire Isabelle Mercy fait qu’il n’a pas été possible de pousser plus avant la recherche. On sait juste que Maurice se remaria en 1950 sans qu’il soit fait mention d’un divorce ce qui laisse envisager qu’Isabelle décéda avant lui. De leur union naquit au moins un enfant car au milieu des années 1920, il passe à la classe de mobilisation de 1910 car il est père d’un enfant vivant (loi de 1923).
Le dernier élément de cette histoire est le décès de Maurice le 10 février 1977 à Bois-Guillaume, toujours dans le 76.
- En guise de conclusion
Si le « Grand mémorial » est loin d’être complet, il donne malgré tout une base de recherche utile qui évite parfois les nombreux tâtonnements département par département. Tel fut le cas ici, avec la chance que la simple mention des deux personnes ait permis à la fois de les retrouver et de dater approximativement le cliché.
Un autre exemple de recherche sur un couple : https://combattant14-18.pagesperso-orange.fr/Tresor/T023.html
- Sources :
Archives départementales de Seine Inférieure :
4 E 13269 – Belleville-en-Caux, acte de naissance d’OUVRY Maurice, vue 8/12
https://www.archivesdepartementales76.net/ark:/50278/b1e4be93b2b8d8c195a571ea32070a81/dao/0/8
1 R 3326 : Fiche matricule d’OUVRY Maurice, classe 1912, matricule 1361 au bureau de recrutement de Rouen Nord.
https://www.archivesdepartementales76.net/ark:/50278/559e34628f93558bdc17191fefa26a40/daogrp/0/2