Aller au contenu

Trésor d’Archives n°56 – Le secret médical, 110 ans après…

English version

En raison du délai de communication des informations médicales, il faut attendre 120 ans après le décès du patient pour avoir accès aux dossiers médicaux. Afin de permettre la diffusion de ces documents tout en respectant ce délai, les documents fournis par l’hôpital de la Salpêtrière ont été anonymisés. Ils présentent dans deux albums les radiographies de soldats blessés au début du conflit.

Retrouver le nom des blessés radiographiés et découvrir leur sort n’est donc possible que si les légendes donnent des éléments significatifs : une date de blessure et un grade précis en plus de l’unité. Car une unité seule pour un simple soldat rend la mission quasi-impossible. Une seule exception simple : l’indication de l’unité et de la date de décès d’un sergent du 138e RI a permis de retrouver le parcours d’un de ces blessés.

BIU Santé (Paris). Cote : pall_rx_01
  • « MDH » indexation

Grâce au travail d’indexation réalisé il y a maintenant 10 ans, retrouver cet homme a été très simple : dans Mémoire des Hommes (MDH), la recherche par date et par unité a donné deux noms et… deux sergents. Toutefois un élément plaide pour l’un plus que pour l’autre : le sergent Jérémie Mouteau est décédé à l’âge de 30 ans dans une structure médicale à Vichy quand le sergent André Aupy l’est à la Salpêtrière. Or, les clichés ont été réalisés à la Salpêtrière et le soldat décédé n’avait que 20 ans.

  • Parcours d’André Aupy

Étudiant en octobre 1912, André Aupy a un peu plus de 18 ans lorsqu’il contracte un engagement volontaire de trois ans dit de « devancement d’appel ». Ce type d’engagement nous apprend qu’il était titulaire d’un Certificat d’Aptitude Militaire.

(…) Tous les ans, mais seulement dans une proportion qui ne pourra dépasser quatre pour cent (4 p. 100) de l’effectif de la dernière classe incorporée, les jeunes gens âgés d’au moins dix-huit ans, remplissant les conditions d’aptitude physique ainsi que les autres conditions énumérées au présent article, et pourvus du certificat d’aptitude militaire institué par la loi du 8 avril 1903, seront admis par ordre de mérite à contracter, au moment de l’incorporation de la classe, un engagement spécial de trois ans — dit de devancement d’appel — avec la faculté d’être mis en congé après deux années de service, s’ils ont :
– Obtenu le certificat d’aptitude aux fonctions de chef de section ;
– Pris l’engagement d’effectuer tous les trois ans, pendant la durée de leurs obligations militaires, des périodes de quatre semaines dans la réserve et de deux semaines dans la territoriale. (…)

Extrait de la loi du 21 mars 1905 modifiant la loi du 15 juillet 1889 sur le recrutement de l’armée et réduisant à deux ans la durée du service dans l’armée active, art. 50 (J.O. 23 mars 1905, p. 1.869).

Il gravit ensuite les différentes étapes l’amenant progressivement à pouvoir envisager de passer le certificat d’aptitude aux fonctions de chef de section : il devient soldat de 1ère classe le 1er juillet 1913, caporal le 11 novembre 1913 et sergent à la mobilisation, le 2 août 1914. Le 24 septembre, le régiment participe aux très violents combats autour du fort de la Pompelle, à l’Est de Reims. C’est là qu’est blessé André Aupy dans des circonstances précises inconnues. La nature de sa blessure est aussi peu lisible sur les deux radios qui la documentent. Elles nous apprennent tout de même qu’il est touché par des éclats qui passent par la bouche avant de se loger au niveau de sa poitrine. La première est réalisée dès le 27 septembre 1914.

BIU Santé (Paris). Cote : pall_rx_01

La seconde, réalisée le 7 novembre montre son crane sans qu’un œil non averti ne décèle grand-chose.

BIU Santé (Paris). Cote : pall_rx_01

Son acte de décès ne nous donne pas d’informations complémentaires sur les causes de sa mort dans la nuit du 29 novembre 1914 à 4 heures du matin.

  • En guise de conclusion

Les circonstances de sa blessure puis de son décès nous restent inconnues dans les détails, mais ces radiographies montrent à la fois les progrès de la médecine de l’époque ainsi que les dégâts sur les corps. Shrapnels, éclats d’obus, balles voire culot d’obus font des dommages considérables bien visibles sur les os, mais aussi invisibles à la radiographie bien qu’aussi mortels comme le montre le cas d’André Aupy. Son nom, caché encore pour quelques années sur le document original, figure sur la plaque de la commune d’Orgedeuil.

Monument aux morts d’Orgedeuil : https://www.geneanet.org/cimetieres/view/11799669

Sources :

BIU Santé (Paris). Cote : pall_rx_01. Ensemble de radiographies destinées à localisation de corps étrangers (crâne, tronc, membres). Fonds Guy et Marie-José Pallardy
https://www.biusante.parisdescartes.fr/histoire/medica/resultats/index.php?do=chapitre&cote=pallrx01

Service Historique de la Défense :

SHD GR 26 N 690/3 : JMO du 138e RI, volume 1.

Archives départementales de Charente :

1 R 232 : fiche matricule de Aupy André Médéric, classe 1914, matricule 4 au bureau de recrutement d’Angoulême.
https://lasource.archives.lacharente.fr/ark:/61904/s00552b6053361a9.55a6802a7294e/img:FRAD016_1R_0232_0005

1 R 120 : liste matricule de Aupy André Médéric, année 1912, matricule 119.
https://lasource.archives.lacharente.fr/ark:/61904/s00552b60532bb2f.559e5cfa7a289/img:FRAD016_1R_0214_0120

Archives de Paris :

13D 197 : état-civil du 13e arrondissement, actes de décès pour l’année 1913. Acte 4767.

Archives départementales de la Haute-Vienne :

3 E 67 / 11 – état-civil de la commune de Folles, décès 1903–1915.

https://archives.haute-vienne.fr/ark:52328/s0057ed3024323a4/57ed30257bc95.fiche=arko_fiche_602b821e3794b.moteur=arko_default_605c6c66a013b

Archives départementales de la Creuse :

1 R 504 : fiche matricule de Mouteau Jérémie, classe 1903, matricule 243 au bureau de recrutement de Magnac-Laval.
https://archives.creuse.fr/ark:22575/s005f5e49b288de5/5f5e49b289de7.fiche=arko_fiche_60898d215195d.moteur=arko_default_60b7735bea18e

Monument aux morts d’Orgedeuil : https://www.geneanet.org/cimetieres/view/11799669


Revenir à la page précédente

Étiquettes:

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *