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René Hemmler, la Grande Guerre en héritage

Ayant connu l’auteur des images qui sont le support de cet article, je peux dire que la Première Guerre mondiale, il n’en parlait pas. L’impact qu’eut ce conflit sur son parcours, il le vécut, mais n’en témoigna pas directement.

Suite à son décès en 2003 puis à celui de son épouse en 2006, des bobines de film furent retrouvées à leur domicile. Elles furent confiées à « Mémoire, les images d’archives en région Centre » qui en réalisa l’inventaire et la numérisation. Dans ce fonds consultable sur le site, on retrouve en particulier le film qui le rendit célèbre, celui de la visite du Préfet Jean Moulin au comice agricole de Brou en 1939, seules images filmées de Jean Moulin pour l’instant.

Mais c’est aussi un jeune homme qui filma les cérémonies du 11 novembre dans sa petite commune de Combres où il exerçait la profession d’instituteur secrétaire de mairie.

Voyons l’impact qu’eut la Grande Guerre sur la vie de cet homme à partir de ce film. Cliquez sur l’image pour visionner le film sur la page d’origine de « Mémoire Cliclic ».

  • Une datation qui pose problème

René Hemmler est né en 1915. Issu d’une famille d’origine alsacienne ayant choisi la France, il naquit comme son père en Eure-et-Loir. Après la Première Guerre mondiale, il passa par l’école normale de Chartres et fut affecté en 1934 à l’école de Gallardon. En 1937, à l’issue de son service militaire, il arriva à l’école de Combres qu’il ne quitta qu’à sa retraite en 1971. Or, le film est daté de 1935. Certes, il est précisé « environ », mais cette datation peut être affinée. En effet, il est peu probable que ce film soit aussi précoce. En effet, une scène est tournée depuis le balcon de l’école, inaugurée en 19371i.

Comparaison entre une vue de 1957 prise depuis le balcon de l’école primaire de Combres et un extrait de la vidéo.

De plus, avant 1935, René Hemmler étant à Gallardon, il n’aurait été qu’un spectateur. Dans le film, il est un acteur important, outre le fait qu’il fournisse la caméra, il participe activement par l’encadrement des enfants de l’école, aidé en cela par son épouse aussi institutrice à Combres. On imagine plus facilement qu’il est en poste à Combres. Ce qui donne comme date de début au plus tôt le 11 novembre 1937 ou le 11 novembre 1938. Le 11 novembre suivant, il était absent car mobilisé. Cela s’insère également bien dans la chronologie des films, assez nombreux pour cette période 1937-1939.

À gauche : René Hemmler dans sa classe de Gallardon, 8 juin 1935.
À droite : René Hemmler au service militaire (1935-1937).

Hélas, impossible d’être plus précis. En effet, la presse se fit l’écho de la « fête du 11 novembre » à Combres en 1937 et 1938 et force est de constater que les deux sont, en l’état actuel, indissociables puisque identiques. On pourrait même imaginer que René Hemmler, en tant que secrétaire de mairie, en était l’auteur.

11 novembre 193711 novembre 1938
COMBRES. – Fête du 11 novembre. – A 14h. 30, réunion à la mairie de la municipalité de la section des anciens combattants, des sapeurs-pompiers et autres sociétés, ainsi que des enfants des écoles. Formation du cortège pour se rendre au monument aux morts, dépôt de gerbes, minutes de silence. À l’issue de la cérémonie, un vin d’honneur sera offert aux membres des sociétés et à leurs familles dans la cantine scolaire.COMBRES. – Fêtes de l’Armistice. – A l’occasion du vingtième anniversaire de l’Armistice et, comme les années précédentes, tous les anciens combattants, victimes de la guerre, sont priés de se réunir à 14 heures à la mairie ; à 14h 30, défilé au monument avec les délégations des sociétés locales des membres du conseil municipal et des enfants des écoles et des sapeurs-pompiers. Dépôt d’une gerbe au monument. Minute de silence. À l’issue de la cérémonie, vin d’honneur offert par la municipalité et distribution de gâteaux aux enfants. Le soir, à 21 h., grand bal gratuit dans le préau des écoles.

Toutefois, un indice pourrait faire pencher la datation vers 1938. La personne qui réalise le film prend le soin de filmer longuement le monument aux morts alors que dans un autre film montrant une autre cérémonie du 11 novembre à Combres on note non seulement la présence de moins de gerbes et de décorations mais aussi une attention moins soutenue sur le monument. Le grand nombre de gerbes dans le film qui nous intéresse pourrait être significatif de cérémonies particulières, à savoir le 20e anniversaire de l’Armistice. L’autre film, pourrait montrer la cérémonie de 1937 ?

Une dernière hypothèse pourrait être que le film date d’après 1945. Les deux cartes postales éditées sur le monument après son inauguration montrent qu’il n’y avait pas de portail métallique initialement. La date d’installation permettrait de donner une date avant laquelle le film n’a pas pu être tourné.

Intéressons-nous maintenant au contenu du film.

  • Le film

Ce film d’une minute et cinquante-deux secondes est composé de trois séquences, contenant en tout quinze prises de vues.

DéfiléÉcoliers0’00″ → 0’07″
Sapeurs-pompiers et anciens combattants0’08″ → 0’13″
Anciens combattants0’14″ → 0’21″
Monument aux mortsPanoramique : sonnerie, drapeaux, écoliers0’22″ → 0’33″
Écoliers et instituteur0’34″ → 0’36″
Dépose fleurs 1 – écoliers et instituteur0’37″ → 0’42″
Dépose fleurs 2 – écoliers et instituteur0’43″ → 0’54″
Dépose fleurs 3 – Deux écoliers en noir et instituteur0’55″ → 1’02″
Dépose fleurs 4 – Deux écoliers écoliers en blanc et instituteur1’03″ → 1’05″
Dépose gerbe – Maire ?1’06″ → 1’09″
Discours1’10″ → 1’14″
Vues du monument aux mortsVue éloignée depuis la terrasse de l’école.1’15″ → 1’20″
Vue rapprochée de puis le carrefour routier.1’21″ → 1’28″
Gros plan.1’29″ → 1’45″
Gros plan avec mouvement vers le haut.1’46″ → 1’52″

Le cheminement du cameraman n’est pas compliqué à reconstituer, les détails visibles sont nombreux. Dans la séquence du défilé, une maison à la clôture reconnaissable est bien visible et permet d’établir que la prise de vue a été réalisée depuis le muret devant l’école, offrant une légère vue plongeante.

Muret de l’école et de la mairie toujours en place. Photographie de la route depuis le haut de ce muret (octobre 2024).

Pour la deuxième séquence, il s’est placé à droite du monument aux morts et toutes les prises de vues ont été faites depuis cet espace. On voit nettement l’hôtel de la croix blanche à l’arrière-plan. La dernière séquence a été filmée depuis le carrefour au centre du village.

Voici les différentes positions sur une photographie aérienne, ainsi que le trajet du cortège et l’emplacement de la cérémonie.


Source : IGNF_PVA_1-0__2012-05-25__CP12000082_FD28x00009_02484

Étonnamment, l’étude des images prouve, au moins pour les séquences une et deux, que René Hemmler, contrairement à ce qui est indiqué, n’est pas l’auteur des prises de vues. En effet, il est sur les images. Il accompagne les enfants dans le cortège qui se dirige vers le lieu de rassemblement.

Puis, il est la personne qui place au pied du monument les gerbes de fleurs tendues par les enfants.

Qui a filmé dans ce cas ? Son épouse Gilberte ? Mais, aussi institutrice, il y a peu de chance qu’elle n’ait pas eu à participer aussi. Peut-être est-elle une des deux femmes qui accompagnent le cortège mais dont le visage est caché par leur parapluie ?

Quoi qu’il en soit, pourquoi René Hemmler a-t-il choisi de filmer ou faire filmer ce moment particulier ? Car ce ne sont pas moins de trois cérémonies du 11 novembre qui figurent parmi les quelques films tournés avant la Seconde Guerre mondiale. Le premier a déjà été évoqué et pourrait dater de 1937 à Combres. Le dernier est tourné dans les années 1960, toujours dans la commune. On y voit son épouse. Un dernier film montre des commémorations autour du monument aux morts de Chassant, probablement en introduction à un événement plus festif (14 juillet ? ) avec défilé de chars, des pompiers et fanfares.

  • René Hemmler, l’empreinte de la Première Guerre mondiale

À défaut de pouvoir interroger les protagonistes du film, il nous reste à émettre des hypothèses. La principale est que René Hemmler s’est attaché à filmer ces cérémonies car il a un lien très fort avec la Première Guerre mondiale. L’histoire de sa famille suffit à montrer le poids que représenta cette guerre dans sa vie.

René Hemmler est né à Chartres (Eure-et-Loir) le 17 mars 1915, en plein conflit. On peut facilement imaginer que le cliché ci-dessous fut envoyé à son père, mobilisé, avant qu’il ne puisse voir son fils pour la première fois lors d’une permission.

Son père, Alexandre Eugène Raymond Hemmler est également né à Chartres le 14 septembre 1886 dans une famille alsacienne qui avait opté pour la France. Ébéniste de profession à son recensement, il fut affecté à une unité d’artillerie lourde. Passé 1er canonnier servant, il fut libéré du service actif en septembre 1909. Il fit sa première période d’exercice au 31e RAC en juillet-août 1912. L’étape suivante de sa vie fut son mariage avec Marie Louise Flora Jousset (née en 1890) à Chartres le 25 avril 1914. Il était alors ouvrier télégraphiste.

La vie commune fut de courte durée car Alexandre Hemmler fut rappelé par l’ordre de mobilisation. Son parcours précis est impossible à déterminer à la seule lecture de sa fiche matricule. On peut juste dire qu’il arrive au 26e RA le 3 août 1914 et qu’il passe au 83e Régiment d’Artillerie Lourde le 1er novembre 1915.

Deux photographies peuvent permettre d’esquisser un parcours hypothétique. Peut-être a-t-il été évacué pour maladie ou blessure légère. C’est ce que semble nous apprendre ce cliché où les hommes sont encore habillés avec les uniformes du début de la guerre.

De retour à son dépôt, il aurait pu être envoyé à sa nouvelle affectation. Mais tout cela n’est qu’une hypothèse invérifiable mettant toutefois en cohérence les rares documents parvenus jusqu’à nous.

Il était déjà affecté au 83e RAL quand il bénéficia d’une permission au cours de laquelle il fut immortalisé avec son épouse et le petit René.

La suite du parcours d’Alexandre Hemmler est tout aussi compliquée à établir faute de JMO de sa batterie. La dernière photographie disponible le montre en train de poser devant un convoi d’artillerie lourde arrêté devant une maison. Elle pourrait avoir été prise en 1914 ou 1915. Il est devant un canon lourd en ordre de marche, c’est-à-dire devant le tube détaché de la pièce.

Le 23 mars 1917, il est tué dans la forêt de Mourmelon-le-Grand. On peut donc comprendre plus facilement l’attachement de René Hemmler aux commémorations du 11 novembre : il était lui-même orphelin de père en raison de ce conflit.

La place de la Première Guerre mondiale dans la vie de René Hemmler ne s’arrête pas à ce seul lien. Sa mère se remaria à l’issue de la guerre à Chartres le 29 septembre 1920. Son second mari Alfred Ernest Louis Rondel, veuf également, est un ancien combattant, certes de l’armée territoriale.

Né en 1876 en Eure-et-Loir, il fit un an de service actif au 101e RI en 1897-1898. Il y resta affecté pour ses périodes d’exercices en 1903 et 1910 avant de passer dans l’armée territoriale pour sa période d’exercices de 1913.

Mobilisé à partir du 4 août 1914, il resta au dépôt jusqu’au 13 octobre 1914. Impossible de dire quelle fut son expérience au cours du conflit, s’il fut évacué. Il passa au 17e Escadron du Train et des Équipages Militaires en septembre 1917 et fut démobilisé le 25 janvier 1919.

D’enfant unique, René Hemmler se retrouva dans une famille avec les deux enfants de son beau-père plus un garçon qui naquit de la nouvelle union. Surtout, il est probable que l’expérience d’ancien combattant de son beau-père s’ajouta à celle de la mort de son père.

René entra à l’école normale en 1931 et obtint les différentes qualifications lui permettant d’enseigner en 1934.

Il fit pendant ces études la rencontre de Gilberte Gauthier, élève institutrice à l’école normale de Chartres. Or Gilberte Gauthier, née en septembre 1914, était également orpheline de son père décédé en 1916 alors qu’elle n’avait pas encore deux ans. L’histoire de son père, Jules Gauthier, est longuement racontée ICI.

En poste à l’école de Combres, elle se maria avec René Hemmler en mai 1937, avant sa libération du service militaire. Elle obtint en avril 1937 du conseil municipal une délibération visant à favoriser la nomination de son fiancé et futur époux à un poste vacant à l’école de garçons de Combres. En juin, l’affectation fut officielle et de retour du service militaire, René Hemmler intégra l’école de Combres dont il devint directeur en 1945 et qu’il ne quitta qu’en 1971 à l’heure de la retraite.

  • Autres marques de la mémoire de la Première Guerre mondiale chez René Hemmler

René Hemmler parlait très peu de son père et de l’absence de père. Lors de conversations en 2000-2001 avec le couple concernant leur histoire familiale, Gilberte était intarissable quand René était nettement moins disert. De même, la photographie retouchée d’Alexandre Hemmler réalisée après son décès2, ne fut jamais exposée que ce soit dans leur appartement dans l’école ou dans la maison qu’ils firent construire et où le couple vécut jusqu’au décès de René. Elle fut toutefois précieusement conservée.

Dans les documents de famille, on trouve des traces de cette mémoire familiale autour de ce père tué à la guerre, principalement par l’intermédiaire de photographies et de cartes postales. Les premières montrent le cimetière de Suippes (Marne) où Alexandre Hemmler repose toujours ; les photographies montrent son nom à la fois sur la plaque de sa tombe et dans la liste des noms du monument aux morts de Chartres.

La Marne fut l’objet de plusieurs pèlerinages familiaux avec son neveu et sa nièce, enfants de la sœur de son épouse. Des cartes postales de ces derniers évoquaient leurs propres pèlerinages postérieurs et furent conservées par le couple.

Ainsi, la place importante de cette cérémonie pour René Hemmler peut s’expliquer par son histoire personnelle, fortement marquée par ce conflit. Maire de la commune de 1971 à 2001, les documents en lien avec sa fonction ont été donnés à la mairie, on ne saura donc pas quelle était la teneur de ses discours et la construction mémorielle mise en place.

Ce film est également l’occasion de s’intéresser à quelques détails visibles, à commencer par le monument aux morts particulier de la commune.

  • Le monument aux morts

Quand on passe à Combres, on ne peut pas le manquer : la commune s’organise autour de deux routes qui se croisent à un carrefour. Le monument est à ce carrefour.

Cet espace central, inoccupé avant-guerre, était non loin de l’église et de la mairie. La mémoire de la guerre dans la commune fut donc placée en son cœur.

Nous n’avons pas eu accès aux archives concernant les délibérations du conseil municipal et le choix d’une femme comme personnage central du monument ou du sculpteur. Une recherche à ce sujet reste à faire. La symbolique est la suivante :

Une jeune femme (1) porte un voile, probablement pour marquer son deuil. Elle peut être interprétée comme une représentation de la France sous la forme d’une femme, mais pas Marianne. Elle serre contre elle un drapeau français (2) reprenant l’apparence d’un drapeau régimentaire avec sa cravate. Dans sa main droite, elle tient une épée pointée vers le sol (3). Ce geste symbolise la fin du combat et les honneurs qu’il faut rendre aux combattants et aux hommes morts à la guerre. Confirmation de cette interprétation : juste derrière l’épée, on observe une tombe de soldat français (4) reconnaissable au casque Adrian posé au sol. Au pied de l’épée, on observe une palme de la victoire.


Un monument réalisé par le même sculpteur a été édifié dans la commune de Saint-Paul-Trois-Châteaux dans la Drôme.

La composition est identique tout comme les détails d’exécution (drapé, drapeau, composition générale). On note tout de même deux différences visibles : la ruine derrière la statue a une taille différente et surtout dans l’autre monument la femme poste une couronne de laurier par-dessus son voile.

L’inauguration du monument de Combres fit grand bruit. Elle se déroula le dimanche 21 octobre 1923 sous la pluie. Précédée d’une messe dans l’église à la mémoire des victimes du conflit, la cérémonie commença à 13h45 par l’accueil des participants. Une séance extraordinaire du Conseil municipal se tint avant la formation du cortège qui fit la centaine de mètres entre la mairie et le monument au son de la marche du 85e régiment d’infanterie3iii. L’inauguration se déroula au cours d’une cérémonie avec discours, dépose de fleurs et audition de la Musique de la Loupe. Elle se termina par un vin d’honneur offert par la Municipalité.

La presse locale et départementale s’en fit largement l’écho car le maire de la commune fit venir Maurice Maunoury, député d’Eure-et-Loir et ministre de l’intérieur. Plutôt qu’un long développement, j’invite le lecteur à découvrir l’article présentant les discours, le déroulé de cette cérémonie qui fit l’objet d’une publication sur trois numéros dans La dépêche d’Eure-et-Loir.

Découvrir le récit très complet de l’inauguration avec transcription des discours : transcription des articles publiés par L’indépendant d’Eure-et-Loir les 23 et 25 octobre 1923.

  • Retrouver un des participants

Revenons au film de René Hemmler. Un homme attire le regard : un des anciens combattants est amputé de la jambe droite. Est-il possible d’en retrouver l’identité ?

La méthodologie est simple : établir la liste des hommes ayant pu être mobilisés grâce au recensement de 1936 et aux listes électorales de 1937 et 1938. 88 hommes ont été listés. Aucun ne présente d’amputation de la jambe droite d’après la fiche matricule. Par rapport à d’autres bureaux de recrutement, celui de Dreux, où est enregistrée la majorité des hommes de Combres, est souvent plus avare en données médicales après-guerre.

La mémoire locale a proposé « Raymond Rousseau » (1893-1971), conseiller général de Champrond-en-Gâtine (commune voisine de Combres). Vérification faite, il était bien amputé, mais lui aussi de la jambe gauche4iv.

Il convient de poursuivre la recherche est cherchant aux Archives départementales d’Eure-et-Loir des documents concernant les hommes pensionnés et les invalides.

  • En guise de conclusion

On ne saura jamais tout sur ces films. Les intentions exactes de ceux qui ont filmé, l’identité des participants et même la date, faute d’avoir été transmises sont désormais dans l’ombre. Il n’est plus possible de donner sens à tout ce que l’on voit, rendre à chacun son identité. Cela nous confronte une fois encore à la mémoire perdue de ces documents. À défaut d’avoir pu interroger les témoins, n’ayant pas connu l’existence de ces films de leur vivant ou trouvé de mémoires écrites, ne restent que ces silhouettes peu nettes dans des circonstances rarement filmées.

Ces films restent l’occasion de voir l’importance de ces commémorations, même si on parlait de « fête » dans la presse, dans une petite commune. Même si l’auteur n’est plus là pour expliciter ses choix et le poids de ce conflit dans sa vie, tous les éléments vont dans le sens d’une marque profonde. Orphelin de guerre, époux d’une orpheline de guerre, entouré de vétérans marqués par la guerre, filmant des commémorations à plusieurs reprises, tout converge vers la mémoire de ce conflit. Quels furent ses mots lorsqu’il fit des discours en tant que maire de la commune de 1971 à 2001 ? Beaucoup reste à faire pour analyser ces images, déterminer qui était qui. Cette recherche ne fait que survoler des pistes qu’il faudrait pouvoir approfondir.

Que cette recherche soit finalement une invitation à faire don des archives familiales à des structures à même de conserver cette mémoire et à la rendre accessible pour la recherche.

  • Remerciements

Merci à Thibaut Vallé pour son aide dans la recherche des hommes mobilisés de la commune de Combres à la fin des années 1930.

  • Pour aller plus loin :

Un site pour une première approche du 11 novembre, de la « fête » à la « commémoration » : https://clio-cr.clionautes.org/les-guerres-et-la-memoire-enjeux-identitaires-et-celebrations-de-guerre-en-france-de-1870-a-nos-jours.html

  • Sources :

Vidéos sur le site « Mémoire Ciclic » :

Cérémonie étudiée :
https://memoire.ciclic.fr/3326-depot-de-gerbe-au-monument-aux-morts-de-combres

Autre cérémonie :
https://memoire.ciclic.fr/3332-commemorations

Cérémonies des années 1960 :
https://memoire.ciclic.fr/3354-ceremonie-du-11-novembre

Cérémonie à Chassant :
https://memoire.ciclic.fr/3332-commemorations

Archives départementales d’Eure-et-Loir :

1 R 628 : fiche matricule de Rondel Alfred Ernest Louis, classe 1896, matricule 948 au bureau de recrutement de Dreux.
https://archives28.fr/ark:66007/s0054c63992df363/5ebc1bf983857.fiche=arko_fiche_623b5c77a2fdf.moteur=arko_default_623c6d9fefa00

1 R 667 : fiche matricule de Hemmler Alexandre Eugène Raymond, classe 1906, matricule 951 au bureau de recrutement de Dreux.
https://archives28.fr/ark:66007/s0054c63a161afe3/5b1481136066e.fiche=arko_fiche_623b51c6eb556.moteur=arko_default_623c6d9fefa00

2 Mi 90 : recensement de population de la commune de Combres, 1936.

3 M 123 : Liste électorale, commune de Combres 1937.

3 M 132 : Liste électorale, commune de Combres 1938.

3 E 085/380 : État civil de la commune de Chartres, actes de décès de l’année 1917.
https://archives28.fr/ark:66007/s0053032078304b3/53034c5b0a420.fiche=arko_fiche_6241b4b76a3d3.moteur=arko_default_6241bc24d7427

Concernant le monument aux morts de Combres :

Mathilde Bacchi : « Chassant à travers les siècles [archive] », « Études et Documents sur le Perche » in Cahiers Percherons (hors-série), Fédération des Amis du Perche, Félix Charpentier chapitre XXIV p. 105 à 110, décembre 1995 et erratums

Accès au pdf sur le site de la mairie de Chassant : http://www.mairie-chassant.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=55&Itemid=164

Inauguration dans la presse locale 

PER 3 : Le Nogentais, 21 octobre 1923.
https://www.archives28.fr/ark:66007/s005cf0af684a332/5d879a6f4d9c8.fiche=arko_fiche_621f33e23c4a2.moteur=arko_default_623c6e73da980

PER 33 : Le journal de Brou, 24 octobre 1923.
https://archives28.fr/ark:66007/s005cef70825ef2e/5cf4d5e19f428.fiche=arko_fiche_623b47c721684.moteur=arko_default_623c6e73da980

PER30 : La Gazette de la Beauce et du Perche, 27 octobre 1923.
https://archives28.fr/ark:66007/s005cef70821cde7/5d3cb848b84e5.fiche=arko_fiche_621f341665430.moteur=arko_default_623c6e73da980

PER24 : L’indépendant d’Eure-et-Loir, 23 octobre 1923.
https://archives28.fr/ark:66007/s005cee4c5f63cc7/5d0a59cb2e9ac.fiche=arko_fiche_621f340a2f498.moteur=arko_default_623c6e73da980

PER24 : L’indépendant d’Eure-et-Loir, 25 octobre 1923.
https://archives28.fr/ark:66007/s005cee4c5f63cc7/5d0a59cb2fe35.fiche=arko_fiche_621f340a2f498.moteur=arko_default_623c6e73da980

PER 40 : La dépêche d’Eure-et-Loir, 26 octobre 1923.
https://archives28.fr/ark:66007/s005cef7082a8d18/5d1224d9602da.fiche=arko_fiche_623b47d683fd0.moteur=arko_default_623c6e73da980


Retour aux parcours de mobilisés

  1. Une exposition sur l’histoire de l’école – Combres (28480). Article de l’Écho républicain, 2017. Consulté le 31 octobre 2024. ↩︎
  2. Ce portrait est une photographie d’avant-guerre retouchée au niveau des numéros de col et par l’ajout d’une Croix de guerre. On observe une erreur dans le numéro inscrit (82 au lieu de 83). Alexandre Hemmler reçut la Croix de guerre à titre posthume le 15 mai 1917 avec la citation suivante à l’ordre du régiment : « Canonnier brave et dévoué, a toujours fait preuve de courage et de sang froid. Mortellement blessé à son poste de combat le 25 mars 1917 ». Il obtint également la Médaille militaire à titre posthume (J.O. du 19 février 1920). ↩︎
  3. Probablement le « Salut au 85e régiment d’infanterie », à écouter ici : Salut au 85 ème ↩︎
  4. Archives départementales d’Eure-et-Loir, 1 R 695 : fiche matricule de Rousseau Raymond Eugène Camille, classe 1913, matricule 565 au bureau de recrutement de Dreux.
    https://archives28.fr/ark:66007/s0054c63abf88b66/58b6fbb2137f3.fiche=arko_fiche_623b542836b85.moteur=arko_default_623c6d9fefa00 ↩︎

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