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La fiche matricule (5) : identité et instruction

Deux autres informations systématiquement présentes

Ces informations ont été complétées par le maire avec soin (théoriquement) lors du recensement. Il est probable que ce soient ces informations, vérifiées au tout début du l’incorporation de la classe, qui figurent en tête de la fiche matricule de chaque recrue. Ce sont les trois premières cases de la fiches matricule : l’état civil (identité de la recru), son signalement et son degré d’instruction.

  • Établissement de l’identité et des caractéristiques physiques

Le haut de la fiche est occupée par deux informations. D’abord, l’état civil de la recrue : nom, prénom, date et lieu de naissance, identité des parents, profession au moment du recensement. Cette dernière information est parfois rectifiée pour tenir compte des changements de profession, tout particulièrement quand cette profession peut avoir une utilité pour l’armée.

Après l’état civil, on trouve à droite le signalement de la recrue, ses caractéristiques physiques, plus ou moins détaillées pour ce qui est de la forme du visage, du nez, mais avec toujours la couleur des cheveux, des sourcils, des yeux. C’est là d’ailleurs que se glisse souvent la première difficulté de lecture :

Il faut simplement lire « Cheveux et sourcils », sans chercher la moindre abréviation avec ce « et ».

Pourquoi tant de détails ? Simplement parce qu’il est nécessaire de pouvoir reconnaître et identifier une recrue à une époque où la photographie, bien que déjà assez répandue, n’est pas encore un outil utilisé à cette fin. Les cartes d’identité n’existent pas à cette époque. C’est pour cela qu’il est illusoire de se demander si une photographie est présente dans un dossier militaire. La réponse sera invariablement « non ». Ce qui ne veut pas dire que les militaires n’avaient pas la possibilité de se faire photographier à de multiples reprises au cours de leur service militaire. Mais c’était le plus souvent à titre privé (lors de manœuvres, pour des photographies souvenir de groupe ou à la boutique d’un photographe pour un portrait stéréotypé).

La lecture de cette description sommaire peut paraître décevante. Pourtant, en mettant les informations données avec le sens qui était donné, on peut arriver à un portrait assez intéressant. En effet, chaque mot a un sens très précis. Sens qui est donné par les instructions ministérielle. Pour le recensement de 1911, une nouvelle fiche de recensement fut établie et fit l’objet d’instructions pour être complétée avec précision. La lecture de ces instructions pourra vous aider à visualiser un peu mieux la personne sur laquelle vous faites des recherches.

  • Le niveau d’instruction générale

Parmi les informations presque toujours indiquées (il y a parfois des oublis malgré tout), on trouve le niveau scolaire. Strictement codifié, ce niveau est indiqué par un chiffre ou une suite de chiffres suivant le choix du scribe (la version 1,2,3 étant liée à des préconisations données avant la loi de 1889(1).

Dans tous les cas, les chiffres ont la même signification, mais vous trouverez facilement sur internet deux formulations proches :

0. pour le jeune homme qui ne sait ni lire ni écrire ;

1. pour le jeune homme qui sait lire ;

2. pour le jeune homme qui sait lire et écrire ;

3. pour le jeune homme qui sait lire, écrire et compter ;

4. pour celui qui à obtenu le brevet de l’enseignement primaire ;

5. pour les bacheliers, licenciés, etc…

Par la lettre X, pour le jeune homme sur le degré d’instruction auquel aucun renseignement n’aura pu être obtenu.

Ou alors (en ne prenant que la partie différente) :

3. Possède une instruction primaire plus développée

La première version vient du texte officiel, la seconde version de l’imprimé destiné aux maires. Les deux se trouvent dans le recueil sur les règles du recrutement indiqué en source.

Il faut faire attention à l’interprétation à donner au « 3 » et au « 4 » : en effet, pourquoi mon soldat qui a eu son Certificat d’Étude Primaire n’est-il pas dans 4 ? Car le Certificat d’Étude Primaire n’est pas le Brevet d’Étude Primaire qui est indiqué par un 4 sur la fiche matricule. Ce dernier diplôme permettait d’aller au lycée, pas le Certificat d’Étude.

Le « X », dont un exemple figure ci-dessus, n’est pas courant. Le niveau d’instruction générale étant vérifié à la fois par le maire et à l’arrivée à la caserne, rares sont les hommes à être passés au travers de ces vérifications. Les seuls cas que j’ai eu l’occasion de voir sont des insoumis qui n’ont jamais fait de service militaire.

Pour les hommes des classes 1887, 1888 et 1889 régis par la loi sur le recrutement de 1872, vous pourrez trouver des mentions différentes : mention du diplôme à la place des 4 et 5, un D pour « douteux ».

  • Bilan national du niveau d’instruction

Grâce à la compilation des données obtenues, on peut se faire une idée assez précise du niveau scolaire des recrues au début du XXe siècle. Une grande majorité qui sait lire, écrire, compter, avec plus ou mloins de facilité. Une minorité en diminution lente qui ne sait ni lire ni écrire. Une minorité en lente augmentation qui poursuit ses études après le certificat d’étude.

  • Le niveau d’instruction militaire

Sur certains modèles de registres matricules, on trouve l’indication de l’instruction militaire. C’est le cas de deux des trois exemples ci-dessus. Seules deux mentions se rencontrent (même s’il n’est pas impossible, comme souvent, qu’il n’y en ai pas d’autres) : soit « 3 » (pour dire exercé), soit « Exercé ». Parfois l’indication « Non exercé » est notée, mais la majorité des hommes n’ayant pas reçu d’instruction militaire, la case est le plus souvent laissée sans indication.

Pour les années 1880/1890, l’instruction militaire doit indiquer les hommes qui ont participé aux bataillons scolaires. Après 1905, il doit s’agir des hommes ayant préparé le Brevet d’Aptitude Militaire dont il sera question dans une autre page de ce site.

  • La suite de la recherche :

La fiche matricule comprend ensuite une série d’informations liées au tirage au sort pour les classes antérieures à 1905. Voir la page à ce sujet.

Pour tous, le registre matricule enregistre aussi la décision du conseil de révision. Voir la page à ce sujet.

  • Pour approfondir le sujet abordé par cette page :

Instructions pour la tenue des registres matricule.

Préfecture de Vendée, Recueil des actes administratifs 1882, Typographie Paul Remblay, La Roche-sur-Yon, 1883. Voir page 248.

Recrutement de l’armée, dispositions générales. Volume mis à jour à la date du 20 septembre 1918. Editions H. Charles-Lavauzelle, Paris, 1918. Un ouvrage indispensable pour comprendre tous les détails du recrutement dans l’armée, ici pour les années 1905-1918. Accès sur Gallica.


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