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Domfront (Orne), caserne Laharpe, 1905, 130e RI

L’absence de signature et donc l’impossibilité de trouver le soldat qui a envoyé ce cliché n’est pas une raison pour se désintéresser du document. Il y a malgré tout à dire sur cette image et sur ses détails.

  • Au 130e RI de Domfront

La localisation ne fait pas le moindre doute : un soldat a pris le temps de repasser à la craie le numéro sur son képi et l’auteur de la carte indique sa provenance.

L’architecture des portes et des fenêtres est caractéristique du bâtiment principal de la caserne Laharpe de Domfront qui accueillait un bataillon du 130e RI. Les deux autres bataillons étaient casernés à Mayenne.

Il est possible de localiser approximativement le lieu de prise de vue car le bâtiment principal de la caserne avait la caractéristique d’être différent sur ses deux faces principales. Celle au nord face à l’entrée avait quatre étages quand celle au sud en avait cinq. Les entourages des portes et fenêtres sont également différents entre la face nord et la face sud :

Entrée de la caserne Laharpe, côté nord.
Source : Consultée le 24/05/2024
https://cartorum.fr/carte-postale/76070/domfront-caserne-laharpe
Caserne Laharpe côté « cour », au sud.
Source : extrait du cliché SPA 117 D 6184, 1919, © Sélince/ECPAD/Défense.
https://imagesdefense.gouv.fr/fr/troupes-polonaises-domfront-caserne-cote-cour-legende-d-origine.html

C’est donc côté sud que le cliché a été pris. Une carte postale légèrement postérieure montrant une nouvelle fois un groupe de soldats a été prise exactement dans le même contexte au même endroit :

On constate que l’angle est le même et les marques sur le crépi également.

  • La recherche impossible de l’auteur et du destinataire

C’est un cas inverse de ce qu’il se passe le plus souvent quand on dispose d’un texte sur une photo carte : d’habitude on retrouve l’auteur, mais il est impossible de l’identifier avec certitude sur le cliché. On a donc ici un auteur facilement retrouvé sur l’image mais dont le texte ne permet pas de révéler l’identité.

« Domfront 21 décembre 1905
Chère Petit Marie
Je m’empresse de tenvoyer cette carte pour te dire qu’il y a 4 jours de permission pour les fêtes et ma permission et accordée pour le 1er de l’an.
Je t’envoi ma Photographies de lespluchage des pomme de terres dans la poche mon cahier d’ordinaire dans ma poche et ma montre de la Classe dans ma main gauche. Je conte sur toi pour le 1er de lan
Milles Amitiées de ton Cheri »

Si au moins il avait donné son prénom. Deux prénoms d’un potentiel couple, ce pouvait-être une belle piste. Mais là, pas d’adresse, pas de détails suffisants pour retrouver cet homme. Par contre, l’indication qu’il porte son « cahier d’ordonnance » dans sa poche nous apprend qu’il est gradé ; ajouté à la précision sur le fait qu’il tient sa montre de la classe dans sa main gauche et en voilà assez pour dire que l’auteur est ce caporal :

Ainsi s’achève le peu que l’on peu déduire de ce texte. Il est impatient de retrouver « Marie » pour le jour de l’an. C’est tout.

Il nous reste à nous intéresser à la corvée d’épluchage de pommes de terre.

  • Plus il y a d’hommes, plus il y a à voir !

La majorité des hommes chargés de la corvée de pommes de terre sont en tenue d’exercice et de corvée : bourgeron et pantalon de treillis. Ils sont chaussés des chaussures de repos ou de sabots. Ainsi équipés, ils n’hésitent pas à s’asseoir dans les épluchures.

Trois hommes chargés de la cuisine avec les tenues spécifiques, béret et tablier :

Évidemment, qui dit corvée de pommes de terre dit couteaux et pommes de terre. On peut facilement imaginer que ces deux hommes, vu leur jeunesse, sont de la classe 1904 qui vient d’être incorporée.

Les épluchures sont visibles au sol. Deux hommes tiennent, l’un un balai, l’autre une pelle, pour la corvée de nettoyage qui suivra.

D’autres hommes s’amusent avec des bouteilles :

Un seul a mis une cigarette à sa bouche :

Les trois caporaux se sont regroupés sur la gauche de l’image. On les reconnaît grâce à la patelette placée sur leur bourgeron.

  • En guise de conclusion

Ce type de photo carte permet de travailler sur un lieu dans un contexte, plus qu’à l’homme qui a écrit au verso. Elle pousse aussi à s’intéresser à une petite ville de garnison qui n’accueillait qu’un bataillon et qui n’a, hélas, pas fait l’objet d’un développement dans le livre sur les casernes en Mayenne avant-guerre.

Peut-être d’autres cartes postales ou photos cartes prises à Domfront permettront de déterminer le lieu exact de la photographie ou de faire parler d’autres détails ?

  • Pour en savoir plus :

Sur la destruction de la caserne de Domfront :
https://actu.fr/normandie/domfront-en-poiraie_61145/orne-batiments-domfront-aujourdhui-disparus_11689267.html


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2 commentaires sur “Domfront (Orne), caserne Laharpe, 1905, 130e RI”

  1. Bonjour,
    Je ne connaissais pas votre site et le mot « Mayenne » m’a attiré l’œil. Je vais prendre le temps de le regarder en détail. Cependant, il y a une coquille, Domfront est dans l’Orne… certes pas loin de la Mayenne ! Je ne savais pas qu’une caserne du 130e RI y était !
    Bonne continuation à vous,

    1. Bonjour,

      C’est rectifié ! Merci pour votre message. J’étais resté sur le 130e RI en Mayenne alors que j’ai bien consulté les AD61 et d’autres services pour trouver des informations.
      Par contre, il y a plusieurs études de photographies portant sur des lieux de Mayenne dans le site !
      Bien cordialement,
      A. C.

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