Collectif (Centre de recherche historique de Péronne), 14-18, la très grande guerre, Le Monde éditions, Paris, 1994, 278 pages.
Au travers de 35 articles publiés en 1994 dans le journal Le Monde, ce livre propose une vision générale du conflit, mais pas une vision simpliste ou trop générale. Au contraire, il s’agit d’articles traitant d’un thème, d’une personnalité, d’une bataille dont chacun permet de comprendre une phase de la guerre.
Ces articles sont signés par des historiens spécialisés sur ce conflit et qui, dans chaque article, apportent une vision différente de cette guerre.
- Un livre généraliste de plus ?
Non. Certes, il traite de manière chronologique le conflit, mais en s’appuyant sur une thématique qui permet de prendre de la hauteur vis-à-vis des faits bruts. Ainsi, chaque personne au centre d’un article (Poincaré, Jaurès, Thomas et Rathenau, Edith Cavell, Apollinaire…) sont mis en relation avec le contexte et une thématique.
De même, le choix des auteurs entraîne aussi une autre vision du conflit : l’historien allemand Gerd Krumeich dans les articles qu’il a rédigés met en parallèle la situation en France et en Allemagne ou insiste sur la vision allemande d’un événement. Et la confrontation des points de vue des historiens français et allemands est aussi très enrichissante : la chasse aux Russes et aux espions en Allemagne, l’état d’esprit de la population en août 1914, les effets du blocus allié…
Jay Winter, historien anglais, s’attache à expliquer l’importance du 1er juillet 1916 dans la Somme dans l’histoire anglaise, mais aussi à écrire sur l’histoire culturelle du conflit.
Au final, par les thématiques variées, ce livre, sans vouloir être exhaustif, donne une bonne vision de la complexité du conflit. Des nationalistes aux socialistes, en France comme en Allemagne, hommes et femmes, adultes et enfants, va-t-en guerre et pacifistes… Tout cela permet d’avoir une vision enrichie du conflit, humaine, culturelle, thématique et internationale, de manière facile à lire dans 35 chapitres de quelques pages.
- Le livre d’une école ?
On réduit souvent le travail de l' »école de Péronne » à une lutte avec les historiens du CRID sur le thème du consentement et de la contrainte. Cependant, même si le mot « consentement » apparaît au moins deux fois dans le livre et qu’il est une partie du titre de l’épilogue, il ne faut imaginer que le livre tourne au tour de ce thème. Loin de là.
Table des matières :
1. Le 28 juin de Gavrilo Princip
2. Poincaré de retour de Russie
3. « Voilà le glas de nos gars qui sonne… »
4. L’Allemagne en ébullition
5. Jouhaux, le 4 août, devant la tombe de Jaurès
6. Anaïs Nin, portrait d’une fillette en Jeanne d’Arc
7. Tannenberg, la revanche et le mythe
8. L’armée Kitchener ou le miroir déformant
9. Lorraine sanglante
10. La mort des écrivains
11. « Au-dessus de la mêlée»?
12. Les gaz, nouvelle frontière de l’horreur
13. Les «Anzacs» à Gallipoli
14. Le massacre des Arméniens
15. Thomas le socialiste et Rathenau l’industriel
16. Edith Cavell, résistante exécutée
17. Driant au bois des Caures
18. L’hécatombe de la Somme
19. «Le Feu» de Barbusse, un Goncourt pour la révolte
20. Freud, entre rêves et cauchemar
21. Bécassine, mobilisée et désarmante
22. L’« hiver des navets» outre-Rhin
23. Les midinettes en grève à Paris
24. La paix américaine coulée par les sous-marins
25. L’avant-garde artistique sur la brèche
26. Le «Canard» s’envole des champs de bataille
27. Passendaele et Caporetto, deux vains combats ?
28. Trotski à Brest-Litovsk
29. La «Grosse Bertha» frappe Saint-Gervais
30. La journée noire de l’armée allemande
31. Appolinaire, poète deux fois assassiné
32. L’armée en détresse d’une Allemagne vaincue et choquée
33. Versailles, antichambre de la prochaine catastrophe
34. La passion de commémorer
35. Otto Dix brûlé par l’eau-forte de la guerre
Épilogue : souffrances, attentes et consentement