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Voir le front autrement : la géologie pour comprendre

HANOT Franck, SIMIEN Frédéric, CHARLES Nicolas, VICELLI Joséphine, Sous les lignes de front – Regards géologiques sur la Grande Guerre, Orléans, BRGM éditions, 2017, 176 pages.

Cet ouvrage collectif offre la présentation des différents sols le long du front occidental de 1914-1918, de leurs implications concrètes pour les combattants, de leurs utilisations par les armées. Si les géologues sont présents dans cet ouvrage, il ne s’agit pas d’un livre sur ce corps de métier.

La couverture donne des indications précises sur ce qu’on trouve dans le livre : des paysages, des utilisations, hier et aujourd’hui et surtout des hommes.

On suit les différents belligérants le long de la ligne de front de la Belgique à la Suisse, chaque espace spécifique faisant l’objet d’une étude : Flandres, Artois, Somme, Oise, Champagne, Verdun, Lorraine et Vosges sont au programme. Mais ce n’est pas tout ce que proposent les auteurs. Il y a un objectif de présentation accessible à tous. Ainsi la première partie est consacrée à des éléments généraux : domination des points hauts, casernements souterrains, approvisionnement en eau et autres questions logistiques (carrières, routes en particulier), actions des géologues. Il est question de l’avant-guerre avec le système de défense français élaboré par Séré de Rivières mais toujours en lien avec la géologie.

La guerre des mines, une constante de l’ouvrage, est introduite ici depuis la première mine en octobre 1914 ou les 1500 exemples sur le front anglo-allemand pour 1915. Des exemples précis sont évidemment étudiés dans chaque secteur du front dans les autres chapitres. Chaque type de sol est présenté. La craie est facile à creuser et draine rapidement l’eau, le sable est facile à creuser aussi mais il faut étayer et il y a plus de risques en lien avec l’eau. Finalement, les argiles sont des terres lourdes et collantes.

La deuxième partie du livre, « Terres de conflit » propose un zoom sur chaque secteur du front. La présentation commence par une carte pleine page du secteur très lisible. Un texte rappelant l’histoire du secteur et les questions géologiques est complété par une riche iconographie. Il est important de noter la qualité du livre, imprimé sur un papier qui valorise les images, un choix de photographies d’archives provenant de l’ECPAD – partenaire de l’ouvrage – fort bien légendées et de clichés récents toujours proposés dans un format bien lisible. Le tout est accompagné de nombreuses cartes et de croquis liés évidemment à la géologie mais très clairs et d’une taille permettant toujours une lecture aisée.

La coupe géologique du front à cheval sur quatre pages est particulièrement réussie et parlante, même pour un public peu initié à la géologie.

Le texte de chaque secteur est accompagné d’anecdotes, d’explications spécifiques sur un point lié à la géologie ou aux géologues dans la guerre. Parmi les anecdotes, celle de l’installation du châtaignier pendant la guerre au col de la Chapelotte n’est pas la moins étonnante. Des « éclairages » ponctuent les parties pour présenter une invention, un personnage et évidemment les points chauds du secteur.

Après cette présentation de chaque secteur, une dernière partie est consacrée à la question des ressources dans le déclenchement du conflit. Les auteurs apportent là des éléments éclairants concernant le charbon, le fer, le cuivre, l’antimoine et le pétrole au cours du conflit. La géologie est évidemment présente avec la mise en avant des carrières diverses et de la recherche de nouveaux gisements en France au cours du conflit.

Le livre s’achève par une série d’annexes qui complètent l’étude. Elles proposent des sites à visiter, un lexique du vocabulaire utilisé et une bibliographie un peu moins utilisable en raison de références imprécises.

  • En guise de conclusion

Apportant des éléments d’explication sur de nombreux aspects du conflit (sols, guerre des mines, approvisionnements divers) et derrière un aspect pouvant paraître très technique, ce livre propose un regard riche et utile. La lecture ne donne jamais l’impression que le lien entre le conflit et la géologie est un prétexte. La géologie est au cœur de cette guerre et le livre permet de bien le comprendre. Il n’est en rien rébarbatif car le texte est adapté aux passionnés comme au grand public. Il est bien secondé par un très bon choix de photographies, de cartes et de croquis toujours pertinents et légendés avec minutie.

Ce livre offre une nouvelle grille de lecture des paysages pour ceux qui aiment aller sur les lieux de mémoire du conflit. Il pourrait donner envie d’aller sur place même à ceux qui connaissent bien les lieux !

  • Pour en savoir plus :

Le site du BRGM donnant accès à quelques pages de l’ouvrage :
https://www.brgm.fr/fr/actualite/communique-presse/grande-guerre-geologie-vision-inedite-conflit


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