Une étape importante quand on ne sait pas où était la résidence d’un conscrit
Le recensement est une source facilement accessible sur internet : la majorité des départements a mis en accès libre les listes nominatives dressées à cette occasion, qui sinon sont disponibles dans les locaux des archives départementales.
Le recensement de la population s’effectuait à cette époque tous les 5 ans. Il y a donc plusieurs recensements disponibles pour la période qui nous intéresse : 1876, 1881, 1886, 1891, 1896, 1901, 1906 et 1911. Ceux d’après guerre ont également tout leur intérêt pour suivre les personnes après 1919.
- Une source précieuse pour trouver des éléments sur la vie civile des personnes
Elle donne un grand nombre d’informations : nom, prénom, année et lieu de naissance, profession et évidemment le lieu de résidence. D’autres informations sur le ménage sont données et quelques explications sont imprimées sur la première page de la liste nominative et nous permettent de mieux cerner leur sens :
Explication sur le mode de formation de la liste nominative
Chaque case ne portera qu’une seule inscription, de telle sorte que chaque page renferme trente noms, ni plus ni moins, sauf la dernière. Les noms devront être lisiblement écrits.
Colonnes 1 et 2. – Les noms des quartiers sections, villages, hameaux ou rues seront écrits de manière à se trouver en regard des noms des individus qui sont les habitants de chacune de ces parties de la commune. On doit, en général, commencer le dénombrement par la partie centrale ou principale, le chef-lieu ou le bourg ; de là on passera aux dépendances principales, puis aux habitations éparses. Dans les villes, on procèdera par rues, quartiers, faubourgs, dans l’ordre alphabétique des rues.
Colonnes 3, 4 et 5. – On procèdera par maison ; dans chaque maison, par ménage. Il y aura pour chaque maison un numéro, qui sera le même pour tous les ménages qu’elle renferme. Chaque ménage se distinguera également pas un numéro d’ordre. On ouvrira devant chaque numéro une accolade assez grande pour comprendre tous les individus d’un même ménage.
Colonnes 6 et 7. – On inscrira d’abord le chef de ménage, homme ou femme, puis la femme du chef, puis ses enfants, s’il en a ; puis les ascendants, parents ou alliés faisant partie du ménage ; enfin les domestiques, les employés et les ouvriers qui vivent en commun avec la famille.
Colonne 11. – On fera connaître dans cette colonne la situation de chaque individu par rapport au ménage dont il fait partie, c’est-à-dire qu’on indiquera s’il en est le chef ou l’un des membres, s’il y appartient en qualité de parent ou d’allié, ou seulement comme employé ou domestique à gages.
Ces informations peuvent légèrement varier en fonction de la date (âge au lieu de l’année de naissance par exemple).
La liste permet donc de trouver des informations comme la profession à une date précise, la lieu d’habitation, parfois l’employeur, le nombre d’enfants, les aides de culture dans une ferme à une date…
Cette source aide à retrouver cette personne en cas de données lacunaires sur son identité. La liste nominative donnant la commune de l’année de naissance, il est ainsi possible de remonter à l’acte de naissance facilement.
- Une source pour suivre un militaire
Elle est une source intéressante pour l’étude de la carrière des militaires engagés (sous-officiers et officiers). Certains hommes étaient autorisés à avoir une résidence en dehors de la caserne (pour leur famille notamment) ce qui fait qu’ils étaient recensés à cette adresse. Par contre, comme l’indique le texte ci-dessous (source : voir supra), les hommes au service militaire sont comptés mais n’apparaissent pas dans la liste nominative de la commune.
(…) On devra inscrire sur la liste nominative, alors même qu’ils n’auraient pas de domicile à eux propre qui qu’ils seraient momentanément absents ;
Les officiers et sous-officiers qui ne sont pas logés avec la troupe dans les casernes ou quartiers, ainsi que les employés attachés aux établissements militaires ;
(…)
On ne doit pas inscrire sur la liste nominative quoique présents :
Les militaires et marins casernés dans la commune (à l’exception des officiers et sous-officiers qui ne sont pas logés avec la troupe, et des gendarmes) ;
On trouve ainsi des informations supplémentaires sur les militaires concernés : adresse, composition de la famille, voire fonction à la caserne. Des informations qui ne sont pas données par la fiche matricule comme on peut le constater dans l’exemple ci-dessous.
Si cela n’est pas d’une grande aide pour le suivi du parcours des hommes au service, c’est tout de même une bonne indication pour constater le poids de l’armée dans les villes et de l’effectif du régiment à la date du dénombrement. Voici l’exemple de Mamers en 1906 où caserne le 115e régiment d’infanterie et de Mayenne en 1911 où caserne le 130e RI (sauf au moins une compagnie qui est à Domfront).
- Limites de la source
Les numérisations peuvent parfois omettre la première et dernière page du registre, ce qui enlève l’accès aux statistiques finales. Surtout, le recensement n’est qu’une photographie de la population à une date donnée (vers avril en général) tous les cinq ans. Il n’est donc pas possible avec cette seule source de retrouver le parcours exact d’une personne s’il a beaucoup changé d’employeur (domestiques, journaliers) ou déménagé. Cela donne donc un éclairage sur une période, tout en laissant dans l’ombre les longues périodes intermédiaires, qu’il est parfois possible de remettre en lumière avec d’autres sources.
- Sources :
Extrait de la première page du dénombrement de 1911, commune de Mayenne, Archives départementales de Mayenne, page 1. Accès direct au site.
Ce texte était imprimé sur chaque première page du dénombrement de la population. Il était repris à chaque dénombrement de manière quasi identique (la date du décret organisant le recensement étant modifiée).