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56 – Au camp, 34e RIT, après 1911

Des hommes derrière un bureau, ce n’est pas forcément l’image que l’on a de l’armée avant la Première Guerre mondiale. On imagine pourtant mal la place que la plume tenait dans le métier des armes.

  • Derrière le bureau

Une table recouverte d’une couverture réglementaire, dont on devine même le matricule, voici l’élément central de cette photographie. On a caché un verre à côté du pied de la table rehaussé par une pierre pour mettre l’ensemble de niveau. Il faut que la pose soit réussie, la scène doit être parfaite.

N’ont été laissés sur la table qu’un cahier, un registre et une serviette. La pose est prise : assis à gauche, un sergent fourrier, stylo décapuchonné à la main. La tunique et le képi appartiennent à la collection d’instruction comme le montre la pastille métallique visible au-dessus de l’écusson portant le numéro du régiment sur le képi et à côté de la patte de col.

À sa droite, un homme faisant fonction de secrétaire. Il tient une plume et le pot d’encre à côté est ouvert. Il lève une feuille au-dessus d’un registre pour bien se mettre en scène.

Hélas, si ce secrétaire tient une feuille, malgré la numérisation à 2400 dpi, il est impossible de distinguer le moindre texte ou le moindre indice qui puisse nous renseigner sur le type d’état qu’il est en train de réaliser. Le nombre d’états que devait remplir une compagnie était considérable et il est possible que le sergent fourrier soit simplement en train de faire un travail lié à son quotidien et non un travail spécifiquement lié à la présence de ces réservistes.

Derrière les deux hommes dont la fonction les place logiquement derrière le bureau, on observe quatre autres hommes, debout. De gauche à droite, un simple soldat (le verre était-il à lui ? ) et un autre soldat mais brancardier comme l’atteste son brassard.

Les deux derniers ne sont pas de simples soldats. Il s’agit d’un sergent rengagé. On le reconnaît à son uniforme acheté sur mesure, son képi du commerce également. S’il porte des pattes d’épaule dorées, son képi n’a pas de soutache de grade comme les officiers.

Par contre, le dernier homme à droite est un officier : il s’agit d’un lieutenant. Alors que tous les hommes visibles appartiennent au 46e RI, lui est d’un corps numéroté « 34 ». Cette présence d’un officier du 34e parmi des hommes du 46e RI pose question, d’autant plus qu’il n’y a aucun texte au dos de cette photo-carte pour nous donner le moindre indice permettant de l’expliquer.

L’observation des différents hommes visibles fait penser que ce bureau est là pour quelques tâches administratives liées à une période d’exercices de réservistes. Comment expliquer autrement la présence d’hommes particulièrement âgés, mais aussi d’âges si différents dans un camp ? De plus, les deux soldats debout à gauche ont des capotes mal ajustées. Vu leur âge, il pourrait même s’agir d’une période d’exercices de territoriaux à qui on aurait donné des uniformes du régiment d’active.

Et la présence de l’officier confirme cette hypothèse. En effet, le régiment territorial présent à Fontainebleau est le… 34e RIT. Nous sommes donc face à des territoriaux en période d’exercices dont une partie se déroule dans un camp voisin.

Peut-être est-ce lui qui a demandé à ce que cette photographie soit prise. Il ne se tient pas en arrière comme l’adjudant. Ce n’est qu’une hypothèse que strictement rien ne peut confirmer pour l’instant.

Par contre, sa tunique nous donne un indice précieux : il porte 9 boutons. Or, la tunique d’officier est passée de 6 à 9 boutons en janvier 1911. Cette photographie est donc postérieure à 1911.

  • Et toujours quelques détails en plus

Deux tentes sont visibles à l’arrière-plan. Une corde permettant de tendre une autre est visible à gauche et la terre retournée à droite fait penser qu’une autre a pu se tenir à cet emplacement.

Malgré le soin pris à enlever ce qui pourrait perturber la prise de vue et la sobriété de la scène, des détails viennent malgré tout attirer l’œil de l’observateur. J’ai déjà évoqué le verre caché sous la table.

Sur la droite, on devine une silhouette. L’homme s’est probablement écarté pour ne pas être dans le champ de la photographie… mais c’est raté !

On peut même dire qu’il s’agit d’un homme qui a une fonction liée aux chevaux : il a des jambières.

Autre détail qui était visible sur au moins deux gros plans proposés au début de l’article : entre les deux tentes un soldat en bourgeron est installée à une table.

Est-il en train d’écrire aussi ? Ou bien est-il en train de manger ? L’image est à ce niveau trop floue pour pouvoir le déterminer.


L’avant-dernier détail est un objet que tient le sergent : un vélo. Le dernier a déjà été observé aussi : c’est la moustache d’un soldat. Je doute que la courbure inversée des deux côtés soit involontaire.

  • En guise de conclusion

Ce n’est pas la première fois que je me penche sur une image montrant un groupe ayant une fonction administrative. Elles gardent hélas leur mystère quant à la présence d’un bureau. Une simple activité administrative pour un des très nombreux états qui étaient dressés périodiquement, voir quotidiennement ? Une activité liée à la présence des réservistes ? Hélas, malgré une numérisation de qualité, difficile d’en dire plus.


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