Une fois n’est pas coutume, on ne connaît pas les détails ni la chronologie précise des événements qui suivent, mais on en possède les grandes lignes. En octobre 1912, Jules ne rentra pas seul de Dijon ! On ne sait pas comment se fit la rencontre, l’arrivée à Beaurepaire. Une chose est certaine, Jules fit la connaissance de Jeanne Dodet pendant son service militaire à Dijon et il voulut l’épouser une fois rentré à Beaurepaire.
On sait encore moins de choses sur la jeunesse de Jeanne que sur celle de Jules. On ne dispose pas d’archives familiales. Elle est née le 12 septembre 1893 à Saint-Bonnet-en-Bresse. Son père, François Dodet (né le 22 janvier 1853) et sa mère, Jeanne Chaume (née le 19 octobre 1860), étaient paysans. Son père construisit lui-même sa maison et a été garde-champêtre à Villette-les-Dôle. Jeanne est la seule fille d’une famille de sept enfants. Après son père en 1897, sa mère décède lorsqu’elle n’a que 13 ans, elle est donc placée sous la tutelle de son frère aîné, François. Une fois en âge de travailler, elle est placée par son frère comme gouvernante. Lors de sa rencontre avec Jules elle travaille à Dijon. Voilà tout.
Comment Jules l’annonça-t-il à sa famille ? La question n’est pas aussi anodine qu’il n’y paraît. En effet, d’après les souvenirs de famille, le père de Jules envisageait un autre mariage. Ainsi « Tante Thaïs » (surnom donné à une belle-sœur de François Gauthier, Marthe Thaïs Chesneau) dit à Gilberte et à Juliette qu’ « il avait une autre bru en vue ». Il semble qu’il aurait bien vu Jules épouser une fille Tasse, Eglantine peut être (les Tasse étaient les grands amis des Gauthier ; elle était née en 1891). Et il voulait que son fils reprenne la ferme et probablement qu’il étende les possessions familiales par un mariage.
De retour à Beaurepaire, nous ne connaissons par la réaction de François, mais d’après une amie de la famille, Clémentine (d’après les souvenirs de Juliette), les discussions furent orageuses et accentuèrent les mésententes entre le père et le fils : François était d’un caractère plutôt autoritaire et il voyait ses espoirs déçus ; Jules aspirait à plus d’indépendance et ces deux ans loin de la ferme lui avaient montré qu’il pouvait faire autre chose que le travail agricole dont il avait déjà l’expérience. Ajouté à cela, Jeanne ne se destinait pas à travailler dans une ferme mais à être gouvernante. Broderie, crochet et cuisine étaient ses spécialités. Une minuscule partie des réalisations de Jeanne pour son trousseau nous est parvenue et nous permet de voir ses aptitudes dans ce domaine. Ce sont les activités qu’elle exerça pendant les quelques mois où elle vécut à Beaurepaire (ménage, couture, broderie, mais pas la cuisine).
Jeanne n’arriva peut-être pas en même temps que Jules à Beaurepaire. Vivaient-ils déjà ensemble avant leur mariage ? Difficile d’être précis avec les documents disponibles pour l’instant et en l’absence de témoignages à ce sujet. La seule piste pour l’instant est leur acte de mariage. Il indique que Jules est résident à Champrond-en-Gâtine (donc à Beaurepaire qui est un lieu-dit de cette commune) et que Jeanne est résidente à Paris, 8 rue Coëtlogon. Peut-être y était-elle gouvernante ?
Quoi qu’il en soit, le 1er avril 1913, le conseil de famille qui est chargé de la tutelle de Jeanne, suite au décès des deux parents, se réunit à Pierre-de-Bresse (au sud de Dôle) en Saône-et-Loire.Étant mineure (19 ans) cette autorisation était indispensable pour qu’elle puisse se marier. Le conseil de famille autorise Jeanne à épouser Jules et la délibération l’attestant fut transmise à la mairie de Champrond-en-Gâtine, peut-être par un des membres de la famille présent à la cérémonie. Le mariage peut avoir lieu. Il est prévu pour se dérouler le samedi 12 avril 1913 (jour de la saint Jules, mais ce n’est peut-être qu’une coïncidence !) à Champrond-en-Gâtine. Ce mariage eut lieu à la même période que celui d’un des meilleurs amis de Jules, Gustave Tasse. La photographie prise à cette occasion est une des trois seules qui nous est parvenue où on peut voir Jules et Jeanne ensemble. Ils portent leur costume de mariés.
Suite – 6. 12 avril 1913, le mariage de Jules et de Jeanne.
Publication de la page : 8 juillet 2011 – dernière mise à jour : 13 avril 2013