Une autre photo-carte qui va nous laisser sur notre fin faute d’indication de lieu, de noms et même de date précise. Elle est pourtant très riche de détails parfois croustillants.
- Un poste de garde de GVC
Les GVC sont les Gardes des Voies de Communication. Comme leur nom l’indique, ils sont chargés de surveiller les ouvrages d’art et les voies de communication (carrefours, voies ferrées, gares). Ce groupe est clairement chargé de la garde d’une gare comme le laisse deviner la présence d’un agent de gare avec sa casquette caractéristique.
A ses côtés, on trouve le seul homme en uniforme réglementaire : un sergent. Hélas, aucun numéro de régiment ne permet d’identifier l’unité de rattachement. Pour les autres hommes, même s’ils sont moins disparates que sur d’autres clichés, les uniformes n’ont pas la même tenue !
Un képi, le bourgeron en guise d’uniforme, la cartouchière laissée sur le pilier d’une barrière, les boutons plus ou moins fermés, d’autres vêtements qui apparaissent. La rigueur militaire n’est visiblement pas la même que pour les autres unités. Mais nous sommes face à un groupe de soldats des classes 1887 à 1892, donc de 42 à 47 ans (vu que la carte est datée de 1914), des RAT (soldats de la Réserve de l’Armée territoriale). Ils portent tous un brassard portant le numéro du groupe et les lettres GVC. Ici, ils sont difficiles à lire.
Ces pépères (il n’y a rien de péjoratif dans l’utilisation de cette expression qualifiant souvent les soldats âgés à l’époque) posent de manière classique, dans une sorte de garde-à-vous, avec le fusil et surtout baïonnette au canon. Grâce à cette baïonnette, on voit que l’arme fournie n’est pas le Lebel dont dispose les troupes d’active, de réserve et territoriale. Il s’agit du fusil Gras, qui a été remplacé par le Lebel. On le reconnaît à sa baïonnette caractéristique.
- La guerre semble lointaine
Quand on regarde ce détail de la photographie, on peut s’étonner d’une scène si éloignée de la vie militaire : un homme en train de raser un camarade. Ce dernier tient dans ses mains le pot avec le savon et le blaireau.
Autre scène plutôt inattendue pour une photographie d’un groupe de soldats : un enfant. Est-ce un enfant du voisinage ou d’un des hommes présents sur l’image ? Ce n’est pas impossible dans la mesure où les hommes des GVC étaient souvent originaires d’une commune proche du lieu à garder. De même, les chaussures ne sont pas du modèle militaire clouté comme on peut le voir souvent sur les photographies. Mais peut-être n’y en avait-il pas assez du modèle réglementaire pour en fournir aux GVC qui avaient la possibilité de garder des souliers personnels.
- En guise de conclusion
Une image qui est loin de ce que l’on a l’habitude de voir sur cette guerre. Pourtant ces hommes loin du front ont fait partie des plus de 8 millions d’hommes mobilisés, chacun avait bien son parcours à lui. Dans une gare, mais où ? Quand ?
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