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2 – 9e RI, Grand Fresnoy, juin 1918

J’aurais pu aussi donner « Une sacrée équipe au 9e RI » comme titre à cette petite étude d’image. Après une période aux Eparges et avant les combats meurtriers de juillet-août, le 9e RI est au repos début juin 1918.

Le soldat en haut à gauche de l’image, R. Treillard, a pris le temps de mettre le nom de tous ces hommes, et même de dater et localiser le tout : Le Grand Fresnoy, dans l’Oise, au sud-ouest de Compiègne, 16 juin 1918. Peut-être n’est-ce pas le jour de la prise de vue. Peut-être a-t-elle été écrite à ce moment. Ce dimanche 16 juin en tout cas est noté dans le JMO du 9e RI comme un jour de repos. Avant de repartir au combat le 17.

  • Mettre un visage sur un nom, trop souvent un luxe

Une des qualités de cette photo-carte est d’avoir été complétée avec le nom des personnes visibles. Combien de photographies sans nom ? Ici, il y a même la profession exercée dans le civil !





Caporal R. Treillard, auteur de la carte.Puloit, comique (Montel)Rivière,
déclamateur


Sergent Ezzano,
baryton d’opéra
Colin, violoniste soliste, prix du conservatoireGodineau, boxeur Monterland Paris, poids moyenPointout, boxeur Monterland Paris, poids moyenTimbal, boxeur, Bordeaux, poids mi-moyenCaporal Bouvin, boxeur, Bordeaux, poids mi-moyen

Caporal Beaudo, équilibristeEddo, 1ère classe, équilibristelieutenant de Bataille, organisateur de fêtesCazeneuve, ténor, conservatoire de ToulouseEddo, équilibriste






Shiffet, boxeur poids plumeIzorré, boxeur poids plume
  • Une belle galerie d’uniformes

Il serait possible de décrire chaque uniforme. Vu que ce n’est pas ma spécialité, je vais seulement m’attarder sur quatre hommes. Le premier, ci-dessus à gauche, est le lieutenant de Bataille. Il tient dans ses bras une mascotte comme il en existait dans de nombreuses unités. Ici, il s’agit d’un renard. On peut aussi remarquer les quatre étoiles sur sa croix de guerre.
L’homme à droite, dénommé Shiffet, a un brassard à son bras gauche : cela signale qu’il est mitrailleur sur FM Chauchat.

Cazeneuve porte un brassard de deuil, qui marque un décès récent dans sa famille. Les chevrons marquent la durée de présence au front : un premier chevron pour la première année, un chevron tous les six mois supplémentaires. 3 ans au front pour cet homme. Il porte devant lui un étui de masque à gaz ARS livré à partir du début de l’année 1918.
Le second, un frère Eddo, porte un insigne de télégraphiste / signaleur en dessous de ses chevrons de présence au front. On voit nettement sa plaque d’identité au poignet droit que tous avaient (soit au poignet soit autour du cou).

Sur plusieurs uniformes apparaît un point au niveau du numéro de régiment sur le col. Beaucoup de variété dans la disposition de ce point de tissu de couleur qui indique l’appartenance à un bataillon.

  • Une sacrée équipe

Faut-il prendre au sens premier toutes les activités données aux uns et aux autres par l’auteur de la carte ? Ces hommes étaient-ils boxeurs, dans le monde du spectacle ? En bref, ces indications donnent-elles leur profession avant guerre ou est-ce une allusion à une caractéristique du combattant ? Le doute est permis tant qu’aucune trace des activités d’un de ces hommes n’aura été trouvée. Et c’est le cas pour l’instant. Il y a bien un « Ezzano » chanteur d’opéra (basse) ayant chanté en Bretagne en 1928(2) comme le rapporte l’Ouest Eclair, mais en l’absence d’informations complémentaires, difficile de dire s’il s’agit du même homme.

Autre fait intéressant : aucun de ces hommes ne figure dans la liste des tués au cours de la guerre au 9e RI (il y a bien des homonymes, mais tombés avant la date de prise de la photographie). Une recheche identique par le fichier MDH n’a rien donné.

  • En guise de conclusion

Dans la cours d’une ferme, dans une rue ? A quelle occasion ? Des hommes qui se battaient ensemble ? Autant de question auxquelles il n’a pas été possible de répondre, pour l’instant.

Sources :

Historique du 9e RI, Librairie Chapelot, Paris, sans date. Disponible sur le site de la BDIC.

JMO du 9e RI, SHD, 26 N 581/7, page 25.

Un seul exemple (il y a une trentaine de mention de ce nom) : Ouest-Eclair, 08-09-1928 – éd. Ille-et-Vilaine (page 4)


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