Après l’histoire du non mort pour la France car bien vivant |LIEN], voici l’histoire du disparu non disparu. Quand ce sont des millions d’hommes qui doivent être gérés uniquement à l’aide de documents papiers, on peut comprendre qu’il y ait eu des erreurs, parfois évitées de justesse.
- Annonce de la disparition à la famille
Le soldat Auguste Fournier, de la 9e compagnie du 117e RI disparut lors des combats de Carlepont du 17 septembre 1914. L’administration militaire décida de signaler officiellement à la famille la disparition le 22 décembre 1914.

Cette annonce ne fut jamais faite à la famille. Il semble que ce soit la mairie qui n’alla pas plus loin et signala l’erreur. On trouve en effet dans le dossier la note manuscrite suivante :
« Fournier Auguste, le mentionné disparu, a été soigné depuis le 17 sept., blessé, dans un des hôpitaux du Hâvre. Il est actuellement sur le front.
Communiqué par M. Fouineau, son oncle.
Guéri, il est venu au dépôt du 117e au Mans. Il est ensuite retourné sur le front (vers le 20 nov.)«
Le 117e RI a perdu toutes ses archives pour la période. Il est fort probable que, blessé, Auguste Fournier soit parti sans être vu par des camarades qui auraient pu ensuite témoigner. Il fut donc noté « Disparu », sans que le dépôt n’ait reçu d’avis des services médicaux ou que ceux-ci n’aient pas été classés au bon endroit. Quoi qu’il en soit, l’avis fut envoyé pour signaler la disparition à la famille.
- Un parcours difficile à reconstituer
S’il n’y avait pas ce document conservé dans les archives municipales déposées aux Archives départementales de la Sarthe, la péripétie serait restée inconnue, tout comme le parcours de cet homme au début du conflit. En effet, sa fiche matricule est particulièrement peu détaillée, si l’on excepte la description physique et la mention de son mariage en juin 1912. Aucune mention n’est faite de son départ. Il était affecté au 117e RI depuis le 8 octobre 1912. Il semble qu’il y soit resté jusqu’à sa démobilisation, mais de manière moins linéaire qu’il n’y paraît.
En effet, ses péripéties de septembre-novembre 1914 sont résumées en ces termes : « Plaie par balle, bras gauche, le 16 Septembre 1914 à Quesnes ». Son évacuation, son hospitalisation, son retour au dépôt puis au front sont juste ignorés. Aucune mention n’est faite de campagne simple ou de campagne double, d’où un parcours impossible à reconstituer. Les années 1915 et 1916 sont absentes car seule sa chute puis ses problèmes de santé consécutifs à partir de 1917 qui le firent passer au service auxiliaire fin 1918 sont indiqués.
On ne peut qu’imaginer l’inquiétude de son épouse et de sa famille si la nouvelle avait été annoncée, quels que soient les ménagements qui pouvaient l’accompagner.
Service auxiliaire à partir du 8 septembre 1918, il fut démobilisé le 14 avril 1919. Il garda des séquelles de sa chute toute sa vie en raison d’une déformation de sa cage thoracique et une gêne respiratoire consécutive.
On lui refusa la Médaille militaire en 1967, dernière mention de sa fiche matricule. Il est décédé 10 ans plus tard, le jour de son anniversaire, le 9 janvier 1977 au Mans.
- Sources :
Archives départementales de la Sarthe :
– 10 AC 32 : Archives communales de Laigné-en-Belin.
– 1 R 1216 : fiche matricule de FOURNIER Auguste, classe 1911, matricule 441 au bureau de recrutement de Le Mans.
http://archives.sarthe.fr/ark:/13339/s005fedc0e47b6af/60bba62a8f409
