Précision : contrairement à ce qui est indiqué dans nombre de sites – de vente en particulier – concernant cette affiche, elle n’est pas l’originale de 1935. En effet, l’indication de « l’Académie française » pour Pagnol est postérieure puisqu’il n’y entra qu’en 1946.

À l’occasion de la re-sortie en salle le 30 juillet 2025, je vous propose un petit éclairage autour du lien entre le film Merlusse de Marcel Pagnol et la Première Guerre mondiale.
- Les conséquences de la Grande guerre en filigrane
Pagnol réalise un film assez court (moins d’une heure 10) autour d’un surveillant et d’un groupe d’élèves. Conte de Noël inhabituellement sombre pour Pagnol, il met en scène le surveillant, Blanchard, surnommé Merlusse, et un groupe d’élèves internes restant pour les vacances de Noël au lycée. La fable montre que derrière la laideur du visage se cache un cœur en or.
Ce film évoque indirectement une conséquence de la guerre. En effet, si Merlusse fait peur, c’est à cause de son visage. Défiguré, il est une gueule cassée de la Première Guerre mondiale.

La guerre est aussi observable au détour de deux plans. Tournés dans le lycée Thiers de Marseille, on voit des plaques commémoratives accrochées au mur d’une cour. Illisible, on observe une palme souvent utilisée pour commémorer les combattants de la Grande Guerre.

Cet décor est utilisé une seconde fois, et ce n’est probablement pas un hasard, lors d’un monologue du surveillant Blanchard, comme un rappel de sa condition de gueule cassée de la guerre.

Il n’a, pour l’instant, pas été trouvé la localisation actuelle de ces plaques et leur contenu exact.
- Un vrai vétéran de la Grande Guerre ?
S’il n’est pas une authentique gueule cassée, Henri Poupon, acteur principal du film est-il un ancien combattant ?
Né le 14 juillet 1884 à Marseille, étudiant, Henri Poupon s’engagea volontairement au 11e RI pour quatre ans en 1901. Son service actif ne se passa pas idéalement : son certificat de bonne conduite lui fut refusé suite à une condamnation par le conseil de guerre de la 15e Région militaire en avril 1904 pour « outrage par la parole envers un supérieur ». Envoyé au 141e RI, il termina ses quatre années à Digne au 3e RI.
Devenu acteur et chansonnier, la suite de sa carrière militaire fut moins linéaire : mobilisé au 141e RI de Toulon, il devint caporal le 23 août 1914. Probablement évacué, il participa à la mise en place des régiments numérotés« 400 » en mars 1915 : il intégra le 415e RI dont une partie de l’effectif provenait du dépôt du 141e RI. Cassé de son grade de caporal en mai 1915 il fut classé au service auxiliaire en janvier 1918. Il fut démobilisé en mars 1919, sans que la fiche matricule nous permette de savoir s’il partit au front en unité combattante.
- Pour en savoir plus :
Sur la version restaurée en 2025 : https://www.cnc.fr/cinema/actualites/merlusse-de-marcel-pagnol-histoire-dune-restauration_2392611
Sur le film dans la carrière de Marcel Pagnol :
Récit complet du film : Ciné-miroir du 6 mars 1936.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t512822717/f4.item
Sources :
1 R 1230 : Fiche matricule de Poupon Henri, classe 1904, matricule 11 bis au bureau de recrutement de Marseille
https://www.archives13.fr/ark:/40700/vtab87e3e34b318d6be/daogrp/0/1