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Des héros au cœur de la « Grande » histoire de 14-18

FOLLETT Ken, Le siècle, Tome 1 : La chute des géants. Paris, éditions Le livre de Poche, 2012, 1056 pages.

En 1981, dans son émission Apostrophe du 30 janvier intitulée « L’histoire et le roman font bon ménage », Bernard Pivot définissait le roman historique en trois points que je résumerais ainsi :

1. ils sont gros (des centaines de pages de lecture et plus) ;
2. des personnages exceptionnels par leurs aventures et par leurs qualités ;
3. le plaisir des auteurs à raconter ces histoires.

Le roman de Ken Follett respecte bien ces trois critères. Plus de 1000 pages pour le tome 1, celui portant sur notre période dans la trilogie qui la compose. Les personnages participent à leur manière aux événements de leur pays. La famille du comte Fitz nous fait découvrir les grands moments de l’histoire du Royaume-Uni à partir de 1914 : des hésitations à s’engager dans le conflit à la bataille de la Somme en passant par l’action des suffragettes et des mouvements pour la paix, sans compter une présentation très riche de ce milieu social. En opposition, on vit dans une famille de mineurs des Pays de Galle. Évidemment, toute la saveur de cet ouvrage vient à la fois d’une immersion dans l’histoire de l’époque, l’implication des personnages dans des événements majeurs mais aussi les chemins qui se croisent incroyablement.

Très centré sur la politique et la diplomatie, l’ouvrage s’enrichit du point de vue d’une famille prussienne et des aventures de deux frères russes, d’une famille de propriétaires russes et de quelques Américains, dont le principal travaille pour la Maison Blanche. Tous les grands événements diplomatiques de cette période défilent devant les yeux du lecteur grâce à l’implication d’un ou plusieurs héros du roman, des échanges diplomatiques menant à la guerre à ceux y mettant fin, en passant par les péripéties de l’entrée des États-Unis dans le conflit ou des étapes de la Révolution russe.

D’un auteur anglo-saxon, on ne s’étonnera guère de la faible représentation de la France dans l’ouvrage. Évoquée dans la crise diplomatique de juillet 1914 et par les événements menant à la bataille de la Marne (les taxis de la Marne, évidemment), à l’exception de Joffre en 1914, elle brille le plus souvent par son absence dans l’évocation. Est-ce un problème ? À vrai dire pas vraiment. Certes, l’auteur nous plonge dans les combats des Britanniques dans la Somme en 1916, de l’Armée russe à Tannenberg en 1914 ou des Américains à Château-Thierry en 1918, mais les intrigues se jouant à l’arrière, il faut surtout voir dans cette lecture une opportunité de découvrir les jeux diplomatiques et de s’éloigner du front pour voir la vie dans trois pays en guerre et les nombreuses conséquences qui s’en suivirent. L’évocation de l’arrivée des lettres annonçant la mort des soldats tombés le 1er juillet 1916 dans un village du Pays de Galles ou de la vie et de la révolution à Petrograd en mars 1917 sont très réussies. On y partage les difficultés quotidiennes des Allemands en raison du blocus, les propositions de paix du président américain Wilson, le traité de Versailles, la guerre civile en Russie… Dans tous ces événements, on trouve comme témoin ou comme acteur un ou plusieurs des personnages créés par Ken Follett.

Le lecteur est au cœur d’un roman historique très bien documenté dont les grands axes sont liés aux grands événements dans lesquels sont pris les protagonistes. Je ne développe pas plus cette critique de l’ouvrage tant on en trouve déjà une kyrielle sur le net, allant le plus souvent dans le même sens, comme ici : découvrez ce livre remarquablement lisible malgré les nombreux personnages, la trame entrecroisée et le grand nombre d’événements historiques.

En complément :

Interview de l’auteur :


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