Trouvée dans l’Ouest, comme toutes les photographies isolées cette image pose plus de questions qu’elle ne donne de réponses.
- Une recherche simple
Le verso donnant un nom, un prénom et même la localité où vivaient ses parents, il a été facile de retrouver cet homme. Il s’agit de Charles Verheyde, jeune soldat de la classe 1917. Il habitait dans le département du Nord, à Erquinghem-Lys avec sa famille lors du déclenchement de la guerre. Il était mécanicien. Il fut appelé avec la classe 1917, en janvier 1916. Il fut incorporé au 84e régiment d’infanterie et en novembre 1916, il passa au 144e RI. C’est tout ce que nous apprend sa fiche matricule.
Cette photographie est datable d’une période allant de novembre 1916 à avril 1918. En effet, au verso est indiquée la date « Le 24 avril 1918 ». Difficile d’être plus précis car si son sort nous est connu, il est décédé en juillet 1918, son affectation au 344e RI est un problème pour nous. La fiche matricule n’a pas détaillé la date de son passage dans ce régiment car il est géré par le dépôt du 144e RI.
Quoi qu’il en soit, ses traits sont jeunes, on perçoit même la couleur claire de ses yeux (notés « bleus » dans sa fiche matricule). Le cliché a été pris à l’arrière, probablement avec une partie de l’équipement fourni avant le départ pour la zone des armées. Seules les cartouchières dépareillées détonnent face à cet équipement qui semble neuf.
Si elle avait été prise lors d’une permission, il n’aurait pas eu son fusil et ses brelages.
- Une mention énigmatique
| « Souvenir Charles Verheyde ses Parents ont évacué Erquinghem il ne possède pas encore leur nouvelle adresse le 24 avril 1918 » |  |
La commune d’Erquinghem-Lys, à l’ouest d’Armentières n’était pas occupée par les Allemands. Toutefois, l’offensive « Georgette » commencée le 9 avril 1918 enfonça les lignes britanniques dans ce secteur. C’est probablement dans ce contexte que les parents de Charles furent déplacés et que fut écrit ce mot.
À qui et pour qui a-t-il été rédigé ? Ces questions restent sans réponse. Tout au plus peut-on dire qu’il est peu probable qu’il s’agisse des mots de Charles, sans quoi il eut probablement utilisé une autre tournure que le « il ». Une marraine de guerre ? Un membre de la famille ? Un ami chargé de chercher où sont ses parents ? Impossible de le dire, d’autant plus que le document est totalement isolé.
- Une famille endeuillée
Affecté à la 5e compagnie de mitrailleuses du 344e RI, Charles est en ligne dans la Marne en juillet 1918. Dans la nuit du 8 au 9, l’artillerie allemande pilonna les positions françaises avec de l’ypérite. La CM5 fut la plus touchée. Charles fut l’un des 104 hommes évacués. Il décéda des suites de son intoxication le 27 juillet, à l’ambulance 7/12 à Brizeaux.
Sur les trois fils de la famille, Charles ne fut pas le seul à ne pas revenir. Auguste, le frère aîné, incorporé en 1914, fut tué le 11 avril 1915, après quelques semaines seulement au front. Le cadet, Angèle, né en 1901, ne fut pas mobilisé.
Charles et Auguste figurent sur le monument aux morts d’Erquinghem-Lys, leurs corps sont par contre dans des tombes individuelles dans des nécropoles nationales. Charles est à Sainte-Menehould, tombe 4757. Son frère Auguste est aussi dans la Marne, mais à la nécropole de « Suippes-Ville », tombe numéro 2817.
- En guise de conclusion
A défaut d’avoir trouvé toutes les explications aux questions posées par ce document, au moins Charles Verheyde aura-t-il retrouvé un visage.
- Sources :
Archives départementales du Nord :
– Fiche matricule de Charles Verheyde, classe 1917, matricule 2335 au bureau de recrutement de Lille (vue 503/754), 1 R 3364.
– Fiche matricule d’Auguste Verheyde, classe 1913, matricule 2899 au bureau de recrutement de Lille (vue 642/800), 1 R 3153.
– Recensement de la commune d’Erquinghem-Lys pour 1906, M 474/199 (vue 72/99).
Autres sources :
Mémoire des Hommes.
SHD 26 N 756/18 : JMO du 344e RI.
Fiche mémorial Genweb :
http://www.memorialgenweb.org/memorial3/html/fr/complementter.php?id=5089094
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